Focus : Bijou

« La Peregrina »

Estimé 2 à 3 millions de dollars, le 13 décembre à New York, Christie’s

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 novembre 2011 - 537 mots

Le 13 décembre à New York chez Christie’s, lors d’une vente du soir, seront dispersées 80 pièces emblématiques de la collection de bijoux Elizabeth Taylor.

Décédée cette année, la star hollywoodienne, légendaire croqueuse d’hommes et de diamants, s’était fait offrir La Peregrina, une des plus importantes perles naturelles au monde. Elle portait ce joyau en pendentif sur un collier de perles naturelles, rubis et diamants qu’elle avait dessiné en s’inspirant de modèles du XVIe siècle, et qui fut réalisé par la maison Cartier.

L’exceptionnelle perle en forme régulière de poire a été découverte il y a cinq siècles dans le golfe de Panamá. Elle fut vendue au prince Philip II d’Espagne qui l’intégra aux joyaux de la couronne d’Espagne. Elle resta dans les collections royales du pays durant près de deux cents ans, jusqu’à l’accession de Joseph Bonaparte (frère aîné de Napoléon) au trône d’Espagne en 1808. Ce dernier l’emportera dans sa fuite aux États-Unis cinq ans plus tard. La perle réapparaîtra dans les années 1840 dans les mains du futur Napoléon III qui l’a reçue de son oncle. Elle est ensuite cédée au duc d’Abercorn et conservée dans sa descendance jusqu’au début du XXe siècle. La Peregrina est restée dans une collection privée américaine jusqu’en 1969, année où elle fut livrée aux enchères et acquise par Richard Burton pour Liz Taylor. Le sous-enchérisseur était un membre de la famille royale espagnole.

« Pièce spectaculaire »
Quel va être à présent la destinée de ce collier à la perle ? Pour David Warren, spécialiste international de bijoux chez Christie’s, « Elizabeth Taylor a porté ce collier à la perle Peregrina pendant plus de quarante ans. Il n’y a aucune raison que le prochain propriétaire n’en fasse pas de même. Cela dit, le bijou pourrait être une pièce spectaculaire pour un musée où des gens du monde entier viendraient l’admirer ». Mais si l’acquéreur de la perle n’aimait pas le collier ? « Avec ses deux rangs de perles naturelles bien plus grosses que la plupart des colliers de perles, le modèle que Liz Taylor a dessiné pour La Peregrina est spectaculaire, glamour et célèbre. La Peregrina surmontée de sa feuille de diamants napoléonienne peut également se détacher du collier pour être portée en broche, répond le spécialiste. Bien sûr, le nouvel acquéreur a la prérogative d’adapter la perle sur un autre collier s’il le désire. »

Le 16 novembre 2005, à Genève chez Christie’s, La Régente, une autre perle naturelle historique de 302 grains (contre 203 grains pour La Peregrina) aussi appelée « Perle Napoléon », a été adjugée 3,2 millions de francs suisses (2 millions d’euros). C’est l’actuel record pour une perle aux enchères. Estimée 2 à 3 millions de dollars (1,5 à 2,2 millions d’euros), La Peregrina fera-t-elle mieux ?

La Peregrina

Pièce : perle naturelle en forme de poire
Poids : 203 grains (55 carats)
Date : début du XVIe siècle
Origine : golfe de Panamá
Provenance : prince Philip II d’Espagne, Joseph Bonaparte, duc et duchesse d’Abercorn, Elizabeth Taylor
Collier : perles, rubis et diamants, réalisation de la maison Cartier sur un dessin d’Elizabeth Taylor
Experts : Rahul Kadakia et David Warren
Estimation : 2 à 3 millions de dollars (1,5 à 2,2 millions d’euros)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°358 du 2 décembre 2011, avec le titre suivant : « La Peregrina »

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