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La crise dope l’art en ligne

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 23 avril 2020 - 563 mots

Avec la fermeture temporaire des lieux d’exposition pour cause de crise sanitaire et le prévisible ralentissement des échanges internationaux à suivre, est-ce désormais sur Internet qu’il faudra apprécier le travail des artistes ?

Monde. Quelles que soient les réserves, critiques ou éthiques, que puisse susciter l’expérience virtuelle de l’art, force est de constater que les grandes galeries se positionnent sur ce créneau. Le 8 avril, Gagosian a ainsi lancé le programme Artist Spotlight afin de compenser l’annulation ou le report des expositions pour cause de pandémie. Chaque semaine, un artiste dont une œuvre est mise en vente est présenté. Dévoilée à midi (heure française), celle-ci reste disponible en exclusivité pendant 48 heures. La première,, Picture Perfect (Times Zero), 2020, une très grande toile de l’artiste Sarah Sze, a été révélée le 10 avril, à 275 000 dollars. Artists Spotlight comporte également une palette de contenus éditoriaux – vidéos, entretiens, playlists, recommandations de films et de livres… – invitant à rentrer dans l’univers des artistes. Baptisée Dispatches, l’offre de Hauser & Wirth propose, elle aussi, une variété de vidéos originales, expositions digitales et autres nouvelles expériences afin de « connecter ses artistes avec leur public ». Après les « Early Drawings 1947-1986 » de Louise Bourgeois et les « Drawings for distanced figures » de George Condo, la galerie prévoit des expositions de Rashid Johnson, Lorna Simpson et Zoe Leonard. Parallèlement, Hauser & Wirth communique sur sa nouvelle division Recherche & innovation ArtLab, avec une proposition en réalité virtuelle à la clé, censée « bouleverser la vente d’art online ».

Contenu éditorial et vente en ligne

Histoire de relancer l’intérêt autour de son tout nouveau programme #Unlocked – interviews d’artistes, visites d’ateliers, podcasts, expositions virtuelles… –, la galerie Perrotin y a adjoint les films de sa plateforme Perrotin Screenings – avec pour l’heure une liste de vidéos assez modeste. La galerie Kamel Mennour, pour sa part, a opté pour une formule plus directement commerciale. Intitulée From Home, elle prend la forme d’une salle de visionnement permettant de visualiser un accrochage en deux dimensions, avec une sélection d’œuvres accompagnées de leurs prix. Quant à David Zwirner, il a réagi à la crise en lançant deux nouveaux projets digitaux – Studio et Exceptional Works – invitant musées et collectionneurs à découvrir, acheter et vendre des œuvres d’art du premier et second marché. En réponse à la baisse d’activité des maisons de ventes et des foires d’art, Exceptional Works présente à partir de mi-avril des œuvres provenant de collections privées – sur invitation uniquement – pour les clients de la galerie. La première œuvre est une peinture iconique de Josef Albers, Homage to the Square (1959), issue de de la collection de Theodore et Barbara Dreier.

Le marchand est également à l’initiative de deux plateformes collectives ponctuelles hébergées sur son site. La première, Platform : New York, rassemble douze galeries new-yorkaises jusqu’au 1er mai. Le week-end de son lancement (4 et 5 avril), plus de 20 000 personnes auraient visité le site David Zwirner. La seconde, Platform : London, réunit sur le même principe, douze galeries londoniennes jusqu’au 15 mai.

L’idée de se fédérer pour rester présent via Internet fait d’ailleurs des émules : quatorze galeries autrichiennes se sont regroupées sous la bannière « Not cancelled Vienna », afin de se joindre à la Art Week berlinoise, qui elle-même a basculé en ligne du 11 au 18 avril. Les foires ont-elles du souci à se faire ?

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°544 du 24 avril 2020, avec le titre suivant : La crise dope l’art en ligne

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