Old Billingsgate

Il n’y a pas photo

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 1 août 2007 - 484 mots

Malgré un saut qualitatif, la foire Photo London, organisée à Londres du 31”¯mai au 3”¯juin, a encore du pain sur la planche pour attirer les collectionneurs.

LONDRES - Grâce à la reprise de Photo London, la foire de photographie de Londres, par l’équipe de Paris Photo, le salon a fait des embardées qualitatives telles que l’on peut parler pour cette quatrième édition d’une « année zéro ». La qualité s’imposait d’entrée de jeu chez Purdy Hicks Gallery (Londres), avec les reflets de paysages photographiés par Jorma Puranen sur des panneaux de bois recouverts d’une épaisse couche de peinture glycéro. C’est une trace encore plus fantomatique que proposait Van Zoetendaal (Amsterdam) avec le travail en camera obscura de Gábor Ösz. Les paysages norvégiens d’Ebbe Stub Wittrup, tirés de vintages des années 1950 retravaillés sur ordinateur, suscitaient aussi le trouble chez Martin Asbaek Projects (Copenhague).
Cette homogénéité était toutefois grêlée par l’accrochage suffocant d’Atlas Gallery (Londres). En voulant draguer les gros poissons de la finance, Hamiltons (Londres) a, lui, flirté avec un porno chic des plus vulgaires. Une stratégie peut-être payante, puisque son confrère Eric Franck (Londres) a vendu des clichés de filles nues de Michael Dweck à quelques traders de la City.
Ces derniers ne se sont toutefois pas déplacés en masse, vacances scolaires anglaises obligent. Les Américains tant espérés se sont fait aussi attendre. Ils ont visiblement préféré concentrer leur séjour européen sur la Biennale de Venise et la Foire de Bâle (lire p. I à XII). De fait, les ventes furent dans le meilleur des cas juste assez correctes pour couvrir les frais, comme chez Martin Asbaek ou Flatland (Utrecht). The Approach (Londres), qui présentait la coqueluche britannique Tom Wood, avait lui le moral en berne. « Il n’y a pas eu beaucoup de monde. Nos ventes sont O.K., mais il n’y avait pas le buzz qui entoure la foire Frieze, où l’on est habitué à vendre rapidement », remarquait pour sa part Caroline Broadhurst, de la galerie Ingleby (Édimbourg). Accoutumés au brio des organisateurs de Paris Photo, les exposants pensaient que ces derniers pourraient leur décrocher la lune en cinq mois. Or tout changement prend du temps. Chaque marchand y allait donc de ses conseils. « Il ne faut pas faire de foire pendant les vacances scolaires, ni proposer des tarifs d’entrée aussi onéreux. Au lieu de quinze livres sterling [22 euros], l’accès devrait être à neuf livres. Même si on n’a pas besoin de milliers de visiteurs pour vendre, il faut qu’il y ait du monde pour mettre de l’ambiance, égrenait Eric Franck. Il faut aussi donner de l’alcool lors du vernissage car nous sommes en Angleterre. » La foire a peut-être aussi pâti de la présence de son ancien mentor, Daniel Newberg, affecté par diplomatie à un poste de « directeur créatif ». Elle devra surtout engager des prescripteurs locaux capables de travailler en profondeur les réseaux financiers de la City. Bref, Reed, propriétaire de l’événement, doit accepter d’investir.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°261 du 8 juin 2007, avec le titre suivant : Il n’y a pas photo

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