Ventes aux enchères

Christie’s

Filipacchi toujours à la page

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2005 - 580 mots

PARIS

La deuxième vente de sa collection a livré une belle série d’ouvrages surréalistes.

PARIS - Après le succès de la première vente qui a rapporté près de 6 millions d’euros le 29 avril 2004 chez Christie’s, la deuxième partie de la collection de la bibliothèque de Daniel Filipacchi a été dispersée chez l’auctioneer à Paris le 21 octobre pour 5,3 millions d’euros. Une salle pleine et de nombreux téléphones se sont disputé les livres et reliures surréalistes estimés à bons prix selon la volonté du vendeur. Les moments forts de la vacation ont coïncidé avec la mise aux enchères des ouvrages illustrés par Max Ernst, âprement disputés par le musée privé allemand Würth de Künzelsau (Bade-Wurtemberg), lequel possède déjà la plus grande collection d’œuvres de l’artiste. L’institution n’a pas lâché prise sur les plus beaux lots. Elle a donc emporté Les Malheurs des Immortels (1922) pour 314 400 euros (contre une estimation de 150 000-200 000 euros) ainsi que À l’intérieur de la vue. 8 poèmes visibles (1948) pour 572 000 euros (contre une estimation de 300 000 à 400 000 euros). Cette enchère a dépassé le prix atteint par le lot phare de la vente : Calligrammes, de Guillaume Apollinaire, illustré par Giorgio De Chirico (1930) dans une reliure de 1932 signée Paul Bonet. Estimé 400 000 à 500 000 euros, il a été adjugé à un collectionneur européen pour 364 800 euros.

Poupées ravalées
Un ensemble de vingt-cinq ouvrages de Hans Bellmer, qui faisait l’objet d’un beau catalogue tiré à part, n’a pas tout à fait eu l’effet escompté : dix lots, et non des moindres, n’ont pas atteint leur prix de réserve. Il s’agit en particulier d’une édition originale de 1934 de Die Puppe, estimée 80 000 à 100 000 euros, et de deux éditions des Jeux de la poupée, l’une de 1939, estimée 100 000 à 140 000 euros, l’autre de 1949, estimée 120 000 à 150 000 euros. Ou encore d’un recueil de cent cinquante-deux photographies originales datées entre 1930 et 1950 ; estimé 250 000 à 300 000 euros, les enchères se sont arrêtées à 200 000 euros. En revanche, la maquette préparatoire aux Jeux de la poupée (La Poupée 2) (1936), reliée par Georges Hugnet en livre-objet orné de deux vitrines reliquaires contenant une jarretelle rose, a été adjugée 120 000 euros, soit son estimation basse. « Il n’y a pas vraiment d’explication, sauf que Bellmer est un artiste spécial, commente Christoph Auvermann, directeur du département Livres et Manuscrits chez Christie’s France. En tout cas, tous les Bellmer invendus sont actuellement en négociation dans le cadre de l’after sale. » Pour Jean-Claude Vrain, expert-consultant pour la vente, « on pensait tous que cela allait flamber, mais on peut attribuer l’hésitation des acheteurs à deux phénomènes conjugués : des estimations élevées (mais des livres comme cela, ça se mérite) qui ont freiné les velléités d’achat et le manque de connaissance de l’artiste. Cette lacune n’aura bientôt plus lieu d’être, puisqu’une exposition sur Bellmer est prévue à Paris pour 2006 ou 2007. Tout le monde verra alors l’importance du photographe et de l’illustrateur ». Christie’s programme également courant 2006 le troisième volet de la collection Filipacchi, laquelle totalise pour l’instant plus de 11 millions d’euros pour un ensemble de quatre cent quatorze livres catalogués.

Filipacchi 2e

Résultat : 5,3 millions d’euros
Expert : Jean-Claude Vrain (consultant)
Pourcentage de lots vendus : 78 %
Pourcentage en valeur : 79,4 %
Nombre de lots vendus/ravalés : 164/45

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°224 du 4 novembre 2005, avec le titre suivant : Filipacchi toujours à la page

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