Tableaux anciens

Fausses notes

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 17 février 2009 - 546 mots

Le marché de la peinture ancienne a été victime de surcotes lors des ventes de New York. Les vendeurs rechignent encore à baisser leurs prétentions.

NEW YORK - Sotheby’s a essuyé une déception le 29 janvier à New York, lors de sa vente de prestige de tableaux anciens. La maison de ventes, qui comptait en retirer 80 millions de dollars (62 millions d’euros), a réalisé 58 millions de produit de ventes. Deux des lots phares, Portrait d’homme au gant blanc (1637) et Femme au mouchoir (1637) par Frans Hals, estimés respectivement 8 et 7 millions de dollars, n’ont pas été vendus. « Cela a pesé sur la vente, confirme Nicolas Joly, vice-président de Sotheby’s France et spécialiste international en tableaux anciens. Mais ce n’est pas une question de climat économique. Même l’an dernier, quand le marché de l’art était florissant, on ne les aurait pas vendus. Ils étaient franchement trop chers. » La toile de Hals représentant l’homme était au demeurant bien plus séduisante et commerciale que le portrait de la femme, lequel avait peu de chance de trouver preneur à ce prix. Le propriétaire des œuvres s’en étant rendu compte, il a pris le risque, au dernier moment, de réunir les deux tableaux sur une estimation de 15 à 20 millions de dollars. Cette décision a eu un effet négatif sur leur vente. Pourtant, un amateur est allé jusqu’à proposer 11,5 millions de dollars (hors frais), une offre jugée sérieuse par Sotheby’s, mais visiblement pas assez aux yeux du vendeur. Une superbe et rare nature morte aux fleurs à l’huile sur cuivre d’Ambrosius Bosschaert l’Ancien, pourtant jamais vue sur le marché, n’a pas eu plus de chance. Son estimation, 4 à 6 millions de dollars, était excessive. Si le vendeur consent à revoir ses prétentions, une transaction after-sale est envisageable.

Record pour Terbrugghen
« Il faut que nous soyons plus sélectifs et que nous proposions des valeurs attractives, en déduit Nicolas Joly. Néanmoins sur deux jours de ventes, nous cumulons 63,9 millions de dollars de chiffre d’affaires, ce qui correspond pour Sotheby’s à l’un des cinq meilleurs totaux que nous ayons réalisés dans cette spécialité. » Parmi les belles enchères, le Joueur de cornemuse (1624) par Hendrick Terbrugghen, estimé 4 millions de dollars, s’est envolé à 10,1 millions de dollars, un record pour l’artiste en vente publique. Le Temple de Jupiter panhéllenique par Joseph Mallord William Turner, la plus importante toile de l’artiste encore en mains privées, a été emportée par un collectionneur privé pour 12,9 millions de dollars, son estimation basse, soit le deuxième prix aux enchères pour l’artiste.
Avec un catalogue beaucoup plus modeste, Christie’s a aussi vendu moins bien qu’elle l’espérait. La maison de ventes a cédé quatre des cinq aquarelles de Turner présentées en vedette. La plus importante, qui représentait un paysage de Suisse (vers 1847-1848), a été achetée par un amateur américain pour 1 million de dollars, contre une estimation de 1,5 à 2,5 million(s) de dollars.

CHRISTIE’S
Résultats : 14,2 millions de dollars (10,7 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 137/73
Lots vendus : 65 %
Pourcentage en valeur : 58 %

SOTHEBY’S
Résultats : 63,9 millions de dollars (48 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 158/131
Lots vendus : 54,7 %
Pourcentage en valeur : 62 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°297 du 20 février 2009, avec le titre suivant : Fausses notes

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