Foire & Salon

FAB Paris mise sur de nouvelles dates pour décoller

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 4 septembre 2025 - 792 mots

PARIS

Le jeune salon d’antiquaires se tient désormais en septembre, espérant lancer une dynamique qui lui fait défaut.

Paris. Né en 2022 de la fusion entre la Biennale des antiquaires et Fine Arts Paris, FAB Paris entame sa troisième édition et investit pour la deuxième fois le Grand Palais restauré. Se tenant jusqu’ici fin novembre, à une période jugée trop tardive dans le calendrier des foires, le salon parisien – organisé par l’Agence d’événements culturels (AEC) – a avancé ses dates à la seconde moitié de septembre, du 20 au 24. Un repositionnement stratégique, qui vise à s’inscrire dans le tempo du marché international. Trop proche des fêtes de fin d’année et des grandes vacations d’automne, la date précédente pénalisait la fréquentation étrangère et réduisait la dynamique commerciale. En se plaçant désormais à l’ouverture de la saison, juste avant Frieze Masters (Londres) et Art Basel Paris, FAB espère capter une clientèle plus disponible, notamment institutionnelle, et s’imposer comme l’un des premiers rendez-vous de la rentrée. Mais le défi reste entier : s’affirmer comme un salon de destination, et non comme un simple rendez-vous local.

Cette année, la manifestation compte 87 exposants, soit une configuration plus restreinte que l’an dernier, qui comptabilisait 100 marchands. Quelques galeries passent leur tour cette année, à l’instar de Richard Green, Röbbig München, Ghezelbash, Rosenberg, Almine Rech ou encore Tenzing ; d’autres, notamment certains des membres du Conseil d’administration du Syndicat national des antiquaires, ont préféré participer à un nouvel événement, imaginé par Jacqueline von Hammerstein-Loxten, la propriétaire de la Pagode de C.T. Loo, la semaine précédente, du 17 au 21 septembre (« Sur Invitation »). Dix-neuf nouvelles enseignes intègrent FAB Paris, parmi lesquelles Philippe Bismuth, Thomas Gibson, Patrick Derom, Furstenberg ou la galerie Gokelaere & Robinson, venue avec un cabinet de Paul Evans, des années 60 (entre 200 000 et 300 000 €).

Un panorama éclectique

Six galeries reviennent (entre autres, G. Sarti, Eric Coatalem, Perrin, Jacques Elbaz...). Si les spécialités sont diverses – environ une vingtaine –, les galeries se répartissent selon dix grands secteurs, dont les plus fournis sont les tableaux anciens avec 20 participants et l’art moderne et contemporain qui en compte 26. La joaillerie est également bien représentée avec dix exposants (dont la moitié sont nouveaux), tout comme la sculpture, illustrée notamment par la galerie Sismann, qui présente une Tête de chérubin en marbre du tombeau de Valentine Balbiani, de Germain Pilon (prix entre 500 000 et 1 M€). Le design aligne un nombre comparable de participants, marqué par le retour de la galerie Vallois Art déco, qui n’avait pas exposé au Grand Palais depuis dix ans. Pour l’occasion, mais surtout pour célébrer le centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 qui a donné son nom au style Art déco, la galerie expose plus de 20 chefs-d’œuvre issus de collections privées – les pièces ne sont pas à vendre. Parmi elles, le Fauteuil aux dragons d’Eileen Gray, vers 1917-1919, acheté pour l’un de ses collectionneurs à 22 M€ lors de la vente Yves Saint Laurent en 2009, mais aussi une table-bibliothèque en noyer, vers 1930, de Pierre Chareau (voir ill.). Des œuvres de Paul Iribe, André Groult, Pierre Legrain, Armand-Albert Rateau, Jacques-Émile Ruhlmann, Marcel Coard ou encore Jean Dunand, complètent l’ensemble, dans une scénographie signée René Bouchara. En revanche, sous-représentés, l’archéologie (2) et l’art asiatique (2), devront être renforcés dans les années à venir pour tenir sa promesse de salon généraliste.

Autre temps fort de cette édition, les galeries 1900-2000, Brimo de Laroussilhe, Clavreuil, Didier Claes et Georges Philippe & Nathalie Vallois ont confié à Jean-Hubert Martin le soin de puiser dans leurs fonds pour concevoir une exposition transversale de 140 œuvres – une première. Après « Carambolages » (2016), le commissaire poursuit ici une approche sensible de l’art, fondée sur l’émotion plus que sur l’érudition. « Beautés désordonnées » reflète une manière actuelle de collectionner, affranchie des hiérarchies et des classifications traditionnelles, où les œuvres sont appréhendées pour leur impact immédiat, indépendamment de leur contexte historique.

Changement de cap en 2025 : le traditionnel dîner de gala n’aura pas lieu, le changement de dates ayant imposé un jour de moins pour l’installation. Il est remplacé par un déjeuner ultra VIP au grand café du Grand Palais, tandis que l’institution invitée est le Musée Nissim de Camondo – le musée est fermé pour travaux jusqu’au début 2027.

Après une période de transition et de refondation, la priorité pour FAB Paris est désormais de consolider son identité, tandis que la fidélisation de clients institutionnels et la venue de conservateurs étrangers sont des axes de développement clairement identifiés. C’est, à terme, la stabilité du format – en taille, en qualité, en visibilité – qui lui permettra d’ancrer durablement sa marque dans le paysage des grandes foires européennes.

FAB PARIS,
du 20 à 24 septembre, au Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : FAB Paris mise sur de nouvelles dates pour décoller

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