Bilan mitigé pour Art Paris

La nouvelle formule d’Art Paris, avec « Guests » et plateformes nationales, doit progresser.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 30 mars 2010 - 460 mots

On attendait beaucoup de la nouvelle formule « Art Paris + Guests » concoctée par Lorenzo Rudolf, nouveau directeur de l’événement, qui s’est tenu cette année du 18 au 22 mars. La déception est à la mesure de l’attente. L’idée de faire intervenir différents acteurs et de décloisonner le petit monde de l’art était pourtant pertinente.

Le stand de Jean Brolly (Paris), aménagé par l’architecte Jean de Gastines, sortait du lot, tout comme le solo show de Stanislao Lepri chez Les Yeux Fertiles (Paris), ou l’invitation à l’artiste Claude Rutault chez Marion Meyer (Paris). Mais le choix des invités ne fut pas toujours heureux. Il a même atteint un summum de vulgarité chez Pascal Vanhoecke (Paris), lequel avait convié le producteur de films pornographiques Marc Dorcel.

On s’étonnait de la place qui lui était accordée alors que de bonnes galeries comme Repetto (Acqui Terme), qui présentait un très beau Fontana, ou Oniris (Rennes) se retrouvaient en périphérie, dans un étroit couloir ou sous une coursive amputée d’un poteau. Côté plateformes, l’appartement d’un collectionneur de Saint-Germain-des-Prés et « Utopia/Dystopia », regroupant des galeries du Marais, fonctionnaient parfaitement.

En revanche, les plateformes nationales étaient souvent indigentes, excepté le bel ensemble d’art africain contemporain réuni par le spécialiste André Magnin (Paris). Particulièrement chanceux, celui-ci a vendu en un tour de main toutes les œuvres exposées. Sur le reste du salon, les bonnes surprises, comme les Charges-Objets de Jean-Michel Sanejouand chez Haim Chanin Fine Arts (New York), ou les sculptures d’Étienne Martin chez Berthet-Aittouarès (Paris), étaient rares.

Le commerce fut plutôt mou. Certains, comme les Parisiens Lelong, Marion Meyer, Eva Hober ou Christophe Gaillard ont relativement bien tiré leur épingle du jeu. La Galerie Taïss (Paris) a vendu la série No Cover de Kristian Dahlgaard au collectionneur zurichois Peter Nobel. En revanche, les exposants de la plateforme « Utopia-Dystopia » se sont tourné les pouces. Ceux qui avaient choisi des « Guests » ne furent pas nécessairement récompensés commercialement.

Les Yeux Fertiles a cédé seulement trois œuvres de Lepri, tandis que RX (Paris) confiait ne pas être rentré dans ses frais. « Il y a eu une petite confusion au niveau du public, qui ne faisait pas la différence entre ce qui était à vendre ou pas », admettait Jean-Pierre Ritsch-Fisch (Strasbourg).

Beaucoup d’exposants regrettaient aussi la perte de convivialité du salon et le manque d’attention à leur égard de la nouvelle organisation. « Le salon avait autrefois une dignité, maintenant il n’a plus ni queue ni tête, déplorait Laurent Godin (Paris). Art Paris avait un sens par rapport au lien avec l’art moderne. Ce lien a été perdu au profit d’une chose indéterminée. Je me méfie des foires qui veulent être autre chose que ce qu’elles sont. Une foire, ce n’est pas une exposition. »

Légende photo

« Art Paris  Guests » - Les sculptures d’Étienne Martin chez Berthet-Aittouarès (Paris) et les Charges-Objets de Jean-Michel Sanejouand chez Haim Chanin Fine Arts (New York)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°322 du 2 avril 2010, avec le titre suivant : Bilan mitigé pour Art Paris

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