Balade aux Puces

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 octobre 2003 - 520 mots

Avis à ceux qui ne se sont pas encore aventurés aux confins Nord de Paris : les Puces de Saint-Ouen sont une institution ! Du touriste américain à l’étudiant désargenté, de la star de cinéma au politicien, entre 5 et 11 millions de visiteurs viennent chaque année s’y encanailler. Au détour de ruelles indisciplinées, les chineurs découvrent douze marchés aux profils différents. Rien de comparable entre les ors (un brin ternis) de Biron et le look tendance de Paul Bert et Serpette. Rien de commun non plus entre le délicieux fouillis de Vernaison et les sages patios de Malassis. Art populaire, commodes Louis XV, design des années 1950, verrerie de Gallé, livres anciens, jouets... Les puces s’imposent en caverne d’Ali Baba. Si beaucoup de marchands restent fidèles au pêle-mêle débridé et à la présentation style vide grenier, une jeune génération s’attache à recréer des ambiances. C’est le cas de Colonial Concept en lisière du marché Paul Bert. Installée dans une ancienne maison d’ouvriers, elle offre au visiteur un havre enchanteur, parfois kitsch comme avec l’exposition baptisée « Poules de luxe » jusqu’au 5 octobre.
Derrière le pittoresque, le cœur des marchands n’est pas à la gloriole. Depuis deux ans, les puciers, qui effectuent 80 % de leurs transactions à l’export, souffrent de la désaffection américaine. La plupart des professionnels annoncent une baisse de 40 à 50 % de leur chiffre d’affaires et une trésorerie moribonde. « On a du mal à se relever. On essaye de se démener avec d’autres marchés européens. Mais ce n’est pas facile. On espère que le Mondial sera un déclencheur de bonnes affaires », reconnaît François Bachelier, président de l’Association développement et promotion des Puces de Paris Saint-Ouen (ADPPPSO). Le Mondial de l’antiquité vient donc à point nommé. Dès le jeudi 9 octobre, 30 000 personnes devraient affluer pour le grand déballage. Grande nouveauté, les particuliers habituellement exclus de ces conclaves marchands, pourront acheter dès 7 heures du matin au coude à coude avec les professionnels. Sur tout le week-end, 150 000 personnes sont escomptées au rythme des conférences et concerts.
Le Mondial est aussi l’occasion de souligner une nouvelle ère de relations entre la municipalité de Saint-Ouen et les Puces. Après des années de défiance réciproque, l’heure est à la collaboration. Entre autres évolutions, de meilleures relations entre riverains et puciers. Cette entente a aussi permis d’améliorer les conditions de stationnement et de visites des Franciliens. À noter d’ailleurs qu’à l’occasion du Mondial, il sera impossible pour les visiteurs de se garer. Depuis quatre ans enfin, l’effort d’expertise et d’authenticité, lancé à l’initiative du marché Dauphine, promet de s’étendre à l’ensemble des Puces. C’est que les vieux démons sont tenaces. En temps de crise et de raréfaction des objets, les tentations de faux pointent leur nez. Pour imposer une charte de garantie, l’APPPSAO devra ferrailler avec l’arrière-garde. « On est obligé d’en passer par là. C’est nécessaire pour l’image des Puces et pour toute notre profession », insiste François Bachelier.
Une profession de foi qui tôt ou tard fera son chemin.

Mondial de l’Antiquité, renseignements : tél. 0 892 705 765, www.parispuces.com, 9-12 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Balade aux Puces

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