Foire & Salon

ART ASIATIQUE ET ART AFRICAIN

Asia Now et AKAA, des Salons « off » très dépaysants

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2023 - 674 mots

PARIS

Les deux foires consacrées à la création asiatique et africaine font voyager leurs visiteurs.

Haneem Christian, The Lover, 2021, 118 x 84 cm, à découvrir à la foire AKAA. © Ebony Curated
Haneem Christian, The Lover, 2021, 118 x 84 cm, à découvrir à la foire AKAA.
© Ebony Curated

Paris. Deux foires revendiquent un tropisme géographique spécifique. Asia Now, dont c’est la 9e édition, se tient à la Monnaie de Paris où elle réunit des galeries françaises et étrangères autour du marché de l’art d’Asie – du Japon à l’Iran, et de l’Asie centrale jusqu’à l’Asie pacifique. La sélection se limite à une soixantaine de galeries, qui disposent chacune d’un stand d’environ 40 mètres carrés. Plusieurs marchands parisiens présents en 2022 manquent à l’appel, notamment Almine Rech, Frank Elbaz, In situ-Fabienne Leclerc, Mitterrand, Praz Delavallade. Certaines de ces galeries sont sélectionnées par Paris+ : la concomitance était-elle trop complexe à gérer ? Parmi les exposants français de premier plan, reste Perrotin, qui vient avec une proposition très spécifique : un solo show de la jeune artiste japonaise Ob (née en 1992), repérée par Takashi Murakami.

Près d’une galerie sur deux participe pour la première fois à cette édition. Ainsi de Peter Kilchmann (Zurich, Paris), que l’on trouve dans le salon d’honneur avec un dialogue entre un artiste japonais et un artiste iranien (Leiko Ikemura et Shirana Shahbazi), tandis que la Galerie Éric Mouchet (Paris) a prévu un solo show de l’Afghane Kubra Khademi (née en 1989) – qui a bénéficié en 2022 d’une exposition à la Collection Lambert. La jeune galerie Cadet Capela (Paris) réunit cinq artistes œuvrant dans la peinture figurative et abstraite, ainsi que dans la céramique.

L’Asie centrale à l’honneur

Du côté international, la foire accueille aussi deux galeries tokyoïtes (Maki Gallery et Common). La Corée est bien représentée avec six galeries de Séoul et plusieurs artistes coréens sur les stands d’autres galeries, comme Fragments (New York), qui consacre son stand à Young-jun Tak (né en 1989), dont on avait pu voir une vidéo lors de la Biennale de Lyon 2022.

La foire met l’accent sur l’Asie centrale – une évidence pour Alexandra Fain, la fondatrice d’Asia Now. La galerie Aspan (Kazakhstan), qui promeut cette scène artistique depuis 2015, présente plusieurs artistes de la région tandis qu’une petite yourte de l’artiste Kokonja (né en 1996) est installée par la Pygmalion Art Gallery (Astana, Kazakhstan) dans la cour Mansart. L’exposition « Nouer des nuages », conçue comme un parcours par le collectif d’artistes Slavs & Tatars – commissaire invité de cette édition –, présente une sélection d’œuvres textiles d’une vingtaine d’artistes contemporains. « Il n’y a pas, en Asie, de hiérarchie entre les arts comme cela peut exister en Occident », souligne à ce propos Alexandra Fain. C’est également ce qui fait la richesse de la foire, qui se veut par ailleurs une plateforme « curatoriale », avec un programme de conversations (animées par Thanks for Nothing), de performances et de projets spéciaux.

Repérages sur le continent africain

De configuration plus modeste, AKAA (Aslo Known As Afrika), dévolue aux scènes artistiques d’Afrique rassemble 37 galeries au Carreau du temple. L’an dernier, cette foire avait connu quelques belles ventes avec un ensemble de 87 petits tableaux d’Esther Mahlangu (Afrique du Sud, née en 1935) acquis par un collectionneur américain pour plus de 300 000 euros. La peinture reste le médium dominant, à l’image du stand de Backslash (Paris), avec des séries inédites de Duncan Wylie (Zimbawe, né en 1975), et Fahamu Pecou (États-Unis, né en 1975) ayant en commun des thèmes liés à l’héritage des civilisations ancestrales africaines.

La photographie tient aussi une bonne place. Nouvelle venue, la galerie sud-africaine Afronova présente sur son stand deux jeunes photographes en regard des portraits d’Alice Mann (née en 1991). Pilier de la foire dont elle occupe un des deux plus grands stands, la galerie Vallois se concentre sur la scène béninoise tout en mêlant les générations et les techniques (peinture, sculpture, assemblage).

Les artistes s’emparent volontiers du textile, comme Amine El Gotaibi (Maroc, né en 1983) chez MCC gallery (Maroc) ou Georgina Maxim (Zimbabwe, née en 1980), chez 31 Project (Paris). Enfin, la foire consacre son programme culturel à la pratique « curatoriale », un thème classique qui sera abordé notamment à travers l’édition d’un livre (D’autres viendront).

Asia Now,
du 20 au 22 octobre, Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, 75006 Paris.
AKAA,
du 20 au 22 octobre, Carreau du temple, 4, rue Eugène-Spuller, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : Asia Now et AKAA, des Salons « off » très dépaysants

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