Foire & Salon

Art Paris, foire engagée

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 27 mars 2023 - 734 mots

Du 30 mars au 2 avril, Art Paris réunit au Grand Palais éphémère plus de 130 galeries françaises et étrangères. La foire, qui se veut à la fois locale et cosmopolite, s’est bien installée dans le paysage.

Collectionner -  Art Paris fête ses vingt-cinq ans et entend célébrer cet anniversaire en beauté. La foire a survécu à sa rivale historique, la Fiac, supplantée depuis l’automne dernier par Paris+ par Art Basel. Face à cette nouvelle entité au profil ouvertement international, Art Paris mise sur une échelle locale : plus de la moitié de ses exposants sont français. Sous la direction artistique de son commissaire général, Guillaume Piens, sa sélection a également gagné en qualité. Des enseignes hexagonales de premier plan, comme Perrotin, Kamel Mennour, Lelong & Co., Nathalie Obadia ou Templon, renouvellent leur participation à la foire, lui apportant ainsi leur caution. Elles attirent dans leur sillage des galeries qui reviennent après quelques années d’absence : Almine Rech (Paris, Bruxelles, Londres, New York, Shanghai), mais aussi Anne-Sarah Bénichou (Paris) ou la Galerie Zlotowski, qui vient grossir les rangs des spécialistes d’art moderne présents dans les allées. De nouvelles venues font également leur entrée cette année, parmi lesquelles la jeune galerie Clavé Fine Art et des enseignes étrangères bien établies, telles que Nosbaum Reding (Luxembourg, Bruxelles) ou The Pill (Istanbul). La foire a sélectionné seize solo-shows, dont certains s’annoncent très photogéniques, à l’instar de celui que la Galerie Derouillon consacrera à Alexandre Benjamin Navet. L’artiste a prévu de transformer le stand en un studio de potier : murs peints par ses soins, meubles et moquette sur mesure pour un décor où les sculptures du céramiste Rémi Bracquemond dialogueront avec sa nouvelle série de tableaux. D’autres exposants profitent de l’actualité porteuse de la foire pour organiser dans leurs murs des expositions événements, comme la Galerie A&R Fleury, qui montrera sur son stand et avenue Matignon des œuvres de Victor Vasarely encore jamais vues en France. Quant aux amateurs d’art, ils seront invités à s’engager aux côtés des artistes avec le parcours de Marc Donnadieu, commissaire invité de cette édition qui renouvelle son soutien à la scène française, tout en se faisant l’écho d’un monde troublé.

Plus de 100 000 €

1. Jim Shaw -  Né En 1952, Jim Shaw est une figure du monde de l’art californien. Prolifique, il procède par série et produit des images puisant à toutes sortes de sources (affiches de films, publicités, tableaux d’amateurs, travaux d’étudiants, etc.). Depuis 2002, l'artiste, représenté par la Galerie Praz-Delavallade (Paris, Los Angeles), explore dans ses toiles la fusion cauchemardesque des grands mythes fondateurs états-uniens avec les doctrines les plus arriérées. Son œuvre est présente dans les grandes collections publiques américaines.


10 000-15 000 €

2. Myriam Mihindou -  La démarche de Myriam Mihindou (née en 1964) s’inscrit dans la mouvance d’un art aux vertus thérapeutiques (le care). Sa pratique de plasticienne et de performeuse s’intéresse aux traces des traumatismes dans les corps et les esprits, qu’elle souhaite soigner et réveiller. Son travail, qui ne cesse de gagner en visibilité, a été montré au Transpalette, à Bourges (2021), mais aussi dans des expositions collectives au Smithsonian National Museum of African Art, à Washington en 2014, puis au CAPC de Bordeaux et au Mac/Val à Vitry-sur-Seine en 2021 (Galerie Maïa Muller, à Paris).


30 000-50 000 €

3. Giorgio Griffa -  Le Centre Pompidou a accueilli, en 2022, une donation de cet artiste italien né en 1936, exposé en galerie dans les années 1970, ainsi qu’à la Biennale de Venise de 1978, et retombé dans un oubli relatif jusqu’à l’exposition que lui a consacrée le LaM, à Villeneuve-d’Ascq, en 2021. Ses peintures non figuratives, proches de la calligraphie, se déploient sur des toiles libres dans une expérimentation jubilatoire, telles des partitions inachevées (QG Gallery, à Knokke-Heist).


20 000-30 000 €

4. Kubra Khademi -  Voilà une grande peinture de Kubra Khademi particulièrement emblématique du travail de cette artiste pluridisciplinaire, qui a fui l’Afghanistan où elle est née en 1989. Performeuse et plasticienne, Kubra Khademi célèbre dans ses dessins une image audacieuse de la femme habituellement peu associée à son pays d’origine. Le trait ample et fluide, les aplats bruns et bleus, rehaussés parfois à la feuille d’or, exaltent la liberté de l’expression graphique, tout en évoquant la tradition persane. En 2022, Kubra Khademi a signé l’affiche du Festival d’Avignon et bénéficié d’une exposition personnelle à la Collection Lambert (Galerie Éric Mouchet, à Paris).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Art Paris, foire engagée

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