La communauté artistique appelée à la « grève » anti-Trump

Par Shahzad Abdul (correspondant à Washington) · lejournaldesarts.fr

Le 10 janvier 2017 - 535 mots

WASHINGTON (ETATS-UNIS) [10.01.17] – A quelques jours de l’investiture de Donald Trump, déjà 200 artistes américains appellent dans une pétition à « faire grève » le 20 janvier. Un début de coordination dans la fronde contre le président élu.

Sporadiquement, les signes d'une action concertée apparaissaient depuis plusieurs jours. Longtemps sonnée après l'élection de Donald Trump à la présidence américaine, la communauté artistique aux Etats-Unis, dont la défiance envers le milliardaire est un secret de polichinelle, s'organise.

Quelque 200 artistes américains, ainsi qu'une centaine de professionnels de l'art outre-Atlantique ont signé mardi une pétition intitulée « J20 Art Strike », comprenez « grève de l'art le 20 janvier », date de l'investiture du futur pensionnaire de la Maison Blanche.

La pétition, lancée 48 heures plus tôt et signée par des noms connus tels que l'artiste et photographe américaine Cindy Sherman ou encore Joan Jonas, qui avait représenté les Etats-Unis à la Biennale de Venise en 2015, demande aux musées, galeries d'art, théâtres, salles de concert, écoles d'art, bref, toute la communauté artistique américaine, de « fermer pour la journée » du 20 janvier, afin de « combattre la normalisation du Trumpisme ».

« Ce n'est pas une grève contre l'art, le théâtre, ou tout autre forme culturelle. Il s'agit d'une invitation à motiver ces activités de nouveau, à ré-imaginer ces espaces comme des endroits où des formes de résistance de la pensée, de la vision, du sentiment et du jeu peuvent être produits », écrivent les grévistes.

Pour les parrains de ce mouvement de contestation, le plus important à dix jours de l'entrée en fonction du président élu, « la grève artistique (...) est une opportunité de porter haut les valeurs que nos institutions culturelles prétendent incarner ».

Difficile de dire à quel degré le mouvement sera suivi, et combien d'institutions joueront le jeu de la paralysie. De nombreux musées à travers le pays ont prévu de fonctionner normalement le 20 janvier. La Smithsonian, institution qui gère la quasi-totalité des musées de Washington, a assuré au Journal des Arts que ses portes seront ouvertes « aux horaires habituels ».

Cette pétition pourrait toutefois symboliser l'organisation d'un mouvement de contestation jusque là épars. Depuis l'élection du 8 novembre, les artistes sont plutôt montés au créneau individuellement, à l'instar du coup de gueule de Meryl Streep dimanche lors de la cérémonie des Golden Globes. Ou bien ont manifesté passivement : Donald Trump n'a ainsi pu trouver aucune tête d'affiche pour son concert d'investiture. Ce sera finalement Jackie Evancho, starlette de 16 ans, qui avait remporté « L'Amérique a un incroyable talent » en 2010, qui se produira pour l'occasion.

D'autres, encore, tentent d'agir en coulisses. Deux Américains, dont l'artiste Ilene Berman, ont ainsi lancé la semaine dernière une pétition, qui a recueilli quelque 3 000 signatures, demandant au Musée d'art de Saint Louis, dans le Missouri, de ne pas prêter une toile du peintre américain du XIXe siècle, George Caleb Bingham, qui devait servir pour l'investiture de M. Trump. L'auteur de la pétition pour ce tableau très politique intitulé Verdict of the People, lutte mot pour mot contre le même mal que les 200 frondeurs : la « normalisation » de Donald Trump.

La riposte commence à s'uniformiser.

J20 ART STRIKE

affiche de Art Strike

Légendes Photos :
Image satirique de Donald Trump, reprenant les codes couleurs de l'affiche réalisée par Shepard Fairey lors la campagne présidentielle de Barak Obama.

George Caleb Bingham (1811-1879), The Verdict of the People (1854-55), huile sur toile, 116,8 x 139,7 cm, Saint Louis Art Museum, Missouri, Etats-Unis - Source Wikimedia - Licence Domaine public

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