Antiquaire

Antiquomania

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 janvier 2012 - 607 mots

L’activité des grands marchands est restée soutenue en 2011. Les objets rares et chers trouvent preneurs auprès des musées ou des amateurs.

«Les résultats record obtenus ces dernières années par les maisons de ventes publiques ont confirmé la place des arts premiers, a écrit le marchand d’arts premiers bruxellois Didier Claes à ses collectionneurs à la fin de l’année 2011. La discrétion des marchands met à l’ombre l’important travail effectué par ceux-ci, qui ont été souvent à la base de la conception des plus grandes collections. Cette année, la galerie a acheté et vendu une trentaine de chefs-d’œuvre. » « Pour concurrencer les salles de ventes, il faut tenter les collectionneurs », lance de son côté le galeriste Pascal Lansberg (Paris) qui, après une exposition en 2010 sur Jean-Michel Basquiat, laquelle s’est prolongée début 2011, a enchaîné avec Manolo Valdés puis Victor Vasarely. « Cela nous coûte cher d’acquérir de très belles œuvres, mais nos riches collectionneurs ne nous font pas défaut, observe-t-il. En revanche, notre base de collectionneurs moyens a fondu avec la crise. ». Même constat à la galerie Christian Deydier (lire ci-dessous) dont l’exposition automnale sur le « Bestiaire de la Chine ancienne », destinée à un plus large public puisque présentant des pièces dans une fourchette de prix de 2 000 à 20 000 euros, n’a pas eu le succès escompté. « Nous avons du mal à vendre des objets à moins de 100 000 euros », souligne Christian Deydier. Sa saison dernière a été très positive avec la vente de plusieurs cloches bouddhiques en bronze massif de la période Zhou (VIIIe-VIIe siècle av. J.-C.) à des amateurs chinois ; mais aussi d’un bassin rituel Pan en bronze de la dynastie des Shang (XIIIe-XIe siècle av. J.-C.), décoré d’un impressionnant dragon-serpent enroulé sur lui-même, à un collectionneur suisse ; d’un bronze indien représentant Shiva de la période Chola (XIe-XIIe siècle) à un particulier américain, ou encore d’un ours en bronze doré de la dynastie Han (206 av.-220 apr. J.-C.) à un musée français. Pour la galerie Kevorkian (Paris), spécialisée dans l’art d’Orient et de l’Islam, la rénovation des locaux en 2011 a été suivie d’une exposition importante sur les miniatures indiennes et mogholes, qui a largement bénéficié aux écoles de Bundi, de Guler, Kishangarh ou Pahari. « De nouveaux acheteurs étrangers sont venus à nous », précise Corinne Kevorkian.

Une soif d’objets exceptionnels
D’après le marchand de tableaux anciens Éric Coatalem (Paris), qui participe à la foire Tefaf à Maastricht, au Salon du dessin à Paris et au salon Paris Tableau, « tout ne se passe pas dans les foires », lesquelles représentent 30 % à 40 % de son chiffre d’affaires annuel. Il a notamment cédé en galerie l’an dernier un beau portrait d’homme du XVIIIe par François-André Vincent au Musée des beaux-arts de Strasbourg. Et l’édition d’un catalogue d’œuvres choisies lui a valu un succès commercial. Les Kugel ont réalisé en 2011 « un chiffre d’affaires stable par rapport à 2010, avec des bénéfices à la hausse. Notre clientèle a toujours soif d’objets exceptionnels », assure Nicolas Kugel (Paris). Les antiquaires ont vendu au Getty Museum (Los Angeles) la double tête de femme en bronze de Primatice provenant de la collection Saint Laurent-Bergé, et à la Frick Collection (New York) un vase XVIIIe en porcelaine de Sèvres monté en vermeil. À la galerie Malingue (Paris), trois tableaux majeurs surréalistes signés Max Ernest, Yves Tanguy et Wifredo Lam ont intégré de prestigieuses collections en 2011. L’année s’est terminée en beauté avec un bel accrochage d’œuvres de Victor Brauner enrichi de prêts de trois institutions françaises parmi lesquels le Musée national d’art moderne.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : Antiquomania

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