Entretien : Daniele Balice, galeriste à Paris

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2010 - 563 mots

« Il faut mettre les créateurs à l’aise »

Vous participez à la section « Art Statements », à la foire de Bâle, avec un projet de Kerstin Brätsch (lire p. 17). Quelle en est la teneur ?
Il s’agit de grandes peintures sur papier encadrées, que le visiteur ne pourra voir qu’à travers une structure en Plexiglas fluorescent couvrant le stand. Ce qui intéresse Kerstin est de fausser la perception du tableau. L’accrochage changera tous les jours, certaines œuvres seront au mur, d’autres à même le sol. Je ne me fais pas de souci pour les ventes, car il y a beaucoup de demandes. Le projet a été montré l’an dernier lors de l’exposition « Younger Than Jesus » au New Museum, à New York, et est actuellement présenté au MoMA PS1, à New York, pour « Greater New York ».

Vous aviez déjà participé, en 2009, à Art Statements avec l’artiste Luca Frei, que vous montrez en ce moment dans votre galerie (1). Quelles ont été les retombées de cette présence ?
Au niveau de la visibilité, c’était extraordinaire. Nous avons eu de nombreux contacts avec des collectionneurs qui nous ont soutenus toute l’année, notamment des Polonais. À cette occasion, nous avons également tissé des liens avec le Centre Pompidou, où Luca bénéficiera d’un projet au moment de la FIAC. Nous ne l’avons pas encore vendu, mais nous avons concrétisé le rêve de l’artiste.
Art Statements exige souvent un effort financier important de la part de galeries qui ne sont pas toujours en mesure de le supporter. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Dans le cas de Luca Frei, c’était très dur et coûteux au niveau de la production et du transport, mais oui, c’était fondamental de le faire. Il s’agit d’un véritable test pour voir si le programme d’une galerie tient à un niveau international. Il s’agit d’une vitrine sur le monde. Cela me semble important d’être sous pression. Il est préférable, pour nous, d’avoir un stand sur Art Statements plutôt que dans le programme général avec un accrochage qui risquerait de ne pas être à la hauteur du reste de la foire.

Vous représentez Stephen Willats, un artiste sexagénaire qui est aussi chez Victoria Miro à Londres. Comment une jeune galerie dialogue-t-elle avec une enseigne plus puissante ?
Cela se passe très bien, nous avons établi un dialogue constructif. Stephen estime que son travail a plus d’influence lorsqu’il est présent au milieu de jeunes artistes. Et pour certains de nos créateurs, comme Falke Pisano, il est fondamental.

À vos débuts, vous partagiez l’ancien espace de la galerie Castillo/Corrales. Que retenez-vous de cette expérience ?
Cela nous a apporté une bonne énergie. Je n’avais alors pas envie d’une galerie qui ne soit que galerie. Les créateurs ont adoré exposer dans cet espace où il y avait un passage constant de curateurs. L’espace était aussi petit, moins intimidant. L’ambiance était très accueillante pour les artistes et c’est ce qui compte. Il faut mettre les créateurs à l’aise.

Pensez-vous que le buzz actuel autour de Belleville puisse durer ?
Honnêtement, je ne peux pas vous répondre. Je pose sur Belleville un regard très personnel. Le quartier possède sa propre identité, avec ou sans galeries. On ne peut pas prétendre créer un quartier, car le public de l’art contemporain n’est pas assez important pour modifier le paysage de Belleville.

(1) Galerie Balice Hertling, 47, rue Ramponeau, 75020 Paris, tél. 01 40 33 47 26, www.balicehertling.com, du mercredi au samedi 14h-19h

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°327 du 11 juin 2010, avec le titre suivant : Entretien : Daniele Balice, galeriste à Paris

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