Le retour des Français

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2010 - 594 mots

Organisée du 16 au 20 juin, la foire Art Basel, en Suisse, maintient le cap entre grand marché et prospective. Deux galeries parisiennes intègrent le programme général.

Constance et stabilité ont toujours été les mamelles de la foire de Bâle. Si la plupart des salons se sont lancés dans une sectorisation effrénée, Art Basel a initié de nouvelles sections avec parcimonie, en ayant longuement peaufiné leur concept. Exception à la règle, « Art Première », une section éminemment floue lancée voilà quatre ans. Initialement dédiée aux nouveaux entrants, elle a évolué vers des dialogues intergénérationnels. « Art Première a eu plusieurs identités différentes et, plutôt que de la redéfinir encore une fois, nous avons préféré créer un nouveau secteur. “Art Feature” ressemble un peu à l’“Art Kabinett” d’Art Basel Miami Beach », explique Marc Spiegler, codirecteur du salon. Au lieu d’imposer un schéma, les organisateurs laissent les mains libres aux galeries (lire p. 18 et 19). Autre nouveauté, la mise en place d’un « Art Parcours », confié au curateur Jens Hoffmann. « Nous nous sommes rendu compte que les gens qui viennent à Bâle ne connaissent que la Messeplatz, le restaurant Donati et la Kunsthalle. Cette année, nous avons voulu installer des œuvres dans des lieux historiques ou typiques », poursuit Marc Spiegler. Une opération d’office de tourisme déguisée ? « Pas du tout, l’initiative vient de la foire, pas de la ville », réplique Spiegler.

Sorti de ces réajustements et légères additions, Art Basel maintient son cap, entre grand marché et prospective, grâce à la section « Art Statements », laquelle offre un parfait alibi à ce rendez-vous commercial. Car le poids des projets les moins commerciaux est généralement porté par les galeries les moins solides financièrement. Cette année, Cortex Athletico (Bordeaux) fait son entrée avec un projet de Benoît Maire, tandis que Balice Hertling (Paris, lire p. 18 et 25) montre Kerstin Brätsch. ProjecteSD (Barcelone) est, quant à elle, de retour avec l’excellent Iñaki Bonillas.

Chassé-croisé
Bien sûr, chaque année compte son contingent de sortants et d’entrants. Exit le galeriste new-yorkais Jeffrey Deitch, parti diriger le Museum of Contemporary Art de Los Angeles, et Emi Fontana, qui a fermé sa galerie à Milan pour développer un projet en Californie. Parmi les impétrants du programme général, on note l’arrivée de Sies  Höke (Düsseldorf), Baronian Francey (Bruxelles), Jacques de la Béraudière (Genève) et des Parisiens Nathalie Obadia et Kamel Mennour. Nathalie Obadia prévoit de nouvelles œuvres de Rina Banerjee, Chloe Piene, Joana Vasconcelos ou Huma Bhabha. Elle installera aussi, dans « Art Unlimited », une cabane d’Agnès Varda. Kamel Mennour, lui, a conçu un stand autour du thème de l’utopie, avec des pièces de Yona Friedman, Tadashi Kawamata, Camille Henrot, Lili Reynaud-Dewar et François Morellet.

Il développera également trois projets de Yona Friedman, Latifa Echakhch et Johan Grimonprez dans Art Unlimited. Pour ces deux galeries, cette intronisation ne génère-t-elle pas une pression de leurs artistes désireux de figurer dans le saint de saints ? « Non, j’avais dit aux artistes que je ne pourrai pas tous les montrer, précise Nathalie Obadia. Il est normal que je privilégie les plus anciens, comme Pascal Pinaud ou Carole Benzaken. » Même son de cloche chez Kamel Mennour : « Je suis comme Raymond Domenech. Je crée des aigreurs légitimes, mais il faut penser à pérenniser sa présence. L’image d’une galerie, c’est à la fois son programme et ce qu’elle montre sur un stand. » 

ART BASEL

du 16 au 20 juin, Messe Basel halls 1 et 2, Messeplatz, Bâle (Suisse), www.artbasel.ch, tlj 11h-19h

Directeurs : Annette Schönholzer et Marc Spiegler
Nombre d’exposants : 300
Tarif des stands : 560 francs suisses le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2009 : 61 000

Légende photo

Haut : Benoît Maire - Histoire de la géométrie n°8 (2010) - 21 x 29,7 x 2 cm - Installation taille variable - courtesy Galerie Cortex Athletico à Bordeaux.

Bas : François Morellet - Lamentable bleu diamètre 4m50 (2006) - Dimensions variables - Galerie Kamel Mennour à Bordeaux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°327 du 11 juin 2010, avec le titre suivant : Le retour des Français

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