Ce voleur aux mille visages...

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 3 janvier 1998 - 521 mots

Le vol du siècle
En 1990, deux cambrioleurs déguisés en agents de police s’introduisent au milieu de la nuit dans le Musée Isabella Stewart Gardner, à Boston. Ils attachent les gardiens et repartent avec des tableaux de Rembrandt, Vermeer, Flinck et Manet, des dessins signés Degas, ainsi qu’un vase de bronze Chang. Estimation du butin, qui n’a toujours pas été récupéré : 300 millions de dollars (près de 2 milliards de francs). Les malfaiteurs connaissaient suffisamment le système de sécurité pour empêcher les gardiens d’appuyer sur le bouton “panique” qui aurait immédiatement alerté le commissariat. Ils ont aussi subtilisé les enregistrements des caméras de surveillance qui avaient filmé leurs mouvements. Récemment, le musée a été contacté pour une demande de rançon.

Le Robin des Bois de la porcelaine chinoise
John Quentin Feller était professeur d’histoire à la Scranton University. Sa réputation d’expert en porcelaine chinoise lui offrait un accès privilégié aux huit musées qu’il a dévalisés vingt années durant, emportant 100 pièces au total. Ils les glissait tranquillement dans sa serviette, dans son sac photo, ou les cachait sous ses vêtements. Très magnanime, il prêtait ses acquisitions ou en faisait don à d’autres musées : les 18 pièces dérobées dans la cave du Wadsworth Atheneum de Hartford furent ainsi offertes au Peabody Museum de Salem, qui le remercia en lui proposant un siège au conseil d’administration. L’aven­ture se termine en 1991. Il est pris sur le fait alors qu’il s’apprête à voler une pièce du service de table de George Washington au Wintherthur Museum. Condamné à dix-huit mois de prison et une amende 30 000 dollars, il est rayé de l’Ordre des experts.

Un Renoir à vingt ans
Le 4 juillet 1990, trois musées parisiens sont dévalisés en plein jour. Dans la matinée, c’est une toile de Paul Huet qui disparaît de Carnavalet, puis un Portrait de jeune femme assise par Renoir, au Louvre, suivi d’un portrait féminin par Ernest Hébert au musée du même nom. La police rapproche ce coup d’éclat d’une série de vols récemment commis au Petit Palais et au Musée Rodin. La panique gagne la Direction des musées de France, qui décide de fermer provisoirement les Musées Delacroix, Gustave Moreau, Henner, Hébert et Ennery. Un concours de circonstances met la Brigade de répression du banditisme sur la piste : une conservatrice reconnaît chez un antiquaire une œuvre volée dans son établissement. Interrogé, le marchand explique qu’elle lui a été vendue par un jeune homme dont il a gardé la carte de visite… Cette erreur vaudra à Richard E. d’être interpellé et jugé. Au cours de son procès, il confie : “Je suis un amoureux de l’art. L’idée de posséder un Renoir à vingt ans me fascinait”.

Abracadabrante hallebarde
Une semaine après le vol d’un tableau mineur dans les petits salons Napoléon III au Louvre, une hallebarde haute de 1,30 mètre et pesant 17 kilos est arrachée à un bronze sculpté de Martin Desjardins (1640-1694). Le vol a lieu pendant une nocturne, le 18 janvier 1995, dans la cour Pujet où quatre agents de surveillance sont en faction permanente. Le 30 janvier, la hallebarde est retrouvée au pied de la Pyramide…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : Ce voleur aux mille visages...

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