Rétrospective Van Dyck

Christopher Brown et Martin Royalton-Kisch : « À l’égal de Vélasquez »

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 28 mai 1999 - 446 mots

Quatre questions aux commissaires des expositions, Christopher Brown (peintures) et Martin Royalton-Kisch (dessins).

Christopher Brown, quel est le propos de l’exposition au Musée des beaux-arts ?
Pour le public anglais, Van Dyck est surtout un merveilleux portraitiste, mais il fait aussi partie des grands peintres religieux de la Contre-Réforme. Je le trouve très touchant et très émouvant. Il est également un créateur de mythologies absolument prodigieux. Je veux montrer que Van Dyck est l’un des plus grands peintres du XVIIe siècle, à l’égal d’un Vélasquez. Il est difficile de faire une comparaison avec Rubens, mais il est de la même trempe. La relation entre Van Dyck et son maître est en effet cruciale car, pendant sa formation, le jeune Van Dyck a assisté à la création de magnifiques retables pour les églises anversoises et découvert ainsi le nouveau style inspiré de l’Italie. À Anvers, on peut s’imprégner de l’atmosphère de la ville du XVIIe siècle, notamment dans le quartier autour du Musée Plantin-Moretus et du Vrijdagmarkt, et admirer de nombreuses œuvres de Rubens.

Martin Royalton-Kisch, pourquoi vous êtes-vous attaché aux paysages pour l’exposition à la Rubenshuis ?
Lors de l’exposition organisée en 1982, “Van Dyck en Angleterre”, j’avais admiré ses paysages, aussi remarquables que ceux des autres artistes de l’époque. Depuis lors, j’y ai beaucoup songé, notamment par rapport à Rembrandt et Rubens. Étonnamment, les paysages de Van Dyck n’avaient jamais été étudiés dans leur ensemble.

Combien de dessins de paysages subsistent ?
MRK : Vingt-neuf, mais certains ont été retouchés par d’autres artistes ou sont incomplets. Nous en empruntons vingt-cinq, complétés par des œuvres de ses contemporains. Le problème est leur éparpillement. Sur les vingt-neuf dessins, cinq sont au British Museum et trois à Chatsworth, deux dans la collection Lugt à Paris, tandis que les autres propriétaires n’en possèdent qu’un seul. Nous avons dû emprunter à dix-neuf collections différentes, ce qui a rendu le coût de l’opération très élevé. Les dessins de paysages de Van Dyck le montrent d’une manière plus informelle que ses portraits. Tous ont été certainement réalisés d’après nature et esquissés avec une grande spontanéité. Ils sont le fruit d’une observation directe et nouvelle.

Proposez-vous de nouvelles attributions ?
MRK : Trois dessins, considérés comme des Rubens, ont été présentés à la National Gallery de Londres dans l’exposition “Les paysages de Rubens” en 1996-1997, mais je les attribue personnellement à son élève Van Dyck. Ce sont l’Étude d’un arbre, conservée au Musée du Louvre, et Étude d’un arbre tombé et Tronc d’arbre et ronces, provenant de Chatsworth. Outre le style, sur l’un des dessins de Chatsworth figure une inscription qui n’est pas de la main de Rubens, mais, selon moi, de Van Dyck.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°84 du 28 mai 1999, avec le titre suivant : Christopher Brown et Martin Royalton-Kisch : « À l’égal de Vélasquez »

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