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Reims se réveille

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2008 - 791 mots

REIMS

À l’approche des élections municipales, le projet de rénover le Musée des beaux-arts de Reims a été relancé avec une réflexion autour des collections du FRAC Champagne-Ardenne

Reims - Actuellement confiné dans les locaux exigus du cloître Saint-Denis, non loin de la cathédrale, le Musée des beaux-arts de Reims semble à nouveau intéresser la ville et les principaux candidats aux prochaines élections municipales. Après le projet avorté d’installer l’institution dans les halles du Boulingrin (lire le JdA n°227, 16 décembre 2005), la mairie a lancé une étude de faisabilité en septembre dernier – elle devrait être rendue courant février – autour de deux scénarii possibles : la délocalisation du musée sur la place du Boulingrin, en remplacement du vaste parking qui fait aujourd’hui face aux halles, et le maintien du musée in situ avec une extension contemporaine. Cette dernière solution impliquerait le déménagement de l’école de design et obligerait à récupérer des terrains adjacents, comme la caserne des pompiers ou le Palais de justice, promis à de futurs déménagements. Sans oublier d’importantes campagnes de fouilles archéologiques à prévoir. Outre la valorisation des collections des XVIIe et XIXe siècles, point fort des collections, le conservateur David Liot travaille, depuis son arrivée à la tête du musée, il y a huit ans, autour de deux courants du XXe siècle, l’Art déco et le Grand Jeu auxquels d’importantes manifestations temporaires ont été consacrées ces dernières années. Il nourrit également l’ambition d’ouvrir le musée à la création contemporaine. Pour ce, le Musée des beaux-arts de Reims pourrait se rapprocher du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) de Champagne-Ardenne. Les œuvres signées Roman Cieslewicz, Mario Merz, Jeff Wall ou Garouste pourraient ainsi faire leur entrée dans les espaces permanents du musée, parallèlement à des salles spécifiques consacrées à des personnalités comme Robert Filiou ou Raymond Hains, dont le FRAC possède un bel ensemble. Il faudra aussi compter avec des installations de grande envergure et des projections vidéos. Sises dans le même édifice, les deux institutions partageraient une salle d’exposition temporaire dans laquelle des critiques, historiens d’art ou auteurs, invités dans le cadre des résidences du FRAC, assureraient le commissariat de manifestations confrontant les deux collections. À l’heure où la Rue de Valois s’interroge sur le sort des FRAC « de deuxième génération » et l’avenir des collections constituées depuis vingt ans, la solution apportée par le Musée des beaux-arts de Reims est à méditer. S’il dépasse les enjeux politiques du territoire, le projet pourrait néanmoins s’y heurter. Même si elles sont de bords opposés (ce qui est actuellement le cas), la région et la ville devront, en effet, travailler au coude à coude si un rapprochement avec le FRAC était envisagé. Une situation d’autant plus délicate que le nouveau directeur du FRAC Champagne-Ardenne n’a toujours pas été nommé – initiateur du projet avec David Liot, l’ancien directeur, François Quintin, est parti rejoindre la galerie Xippas, à Paris.

Enfin un grand projet ?
La rénovation future du Musée des beaux-arts de Reims est donc suspendue aux résultats des élections municipales pour lesquelles les candidats en lice se livrent à des luttes acharnées. Ainsi, des deux prétendants issus de la majorité, Renaud Dutreil (UMP) désigné candidat officiel du parti à la grande déception de Catherine Vautrin (UMP, nouvellement étiquetée Divers Droite par voie de conséquence) qui a décidé de maintenir sa candidature. Face à eux se présente Adeline Hazan (PS), l’actuel maire de Reims, Jean-Louis Schneiter, qui souhaitait se représenter, ayant finalement jeté l’éponge. Ces trois principaux candidats se sont prononcés en faveur d’une rénovation du musée, comme nous l’a précisé l’Association pour un Grand Musée au Boulingrin (GMB), groupe de lobbying créé en décembre 2005. « La municipalité a toujours rafistolé le musée sans mesurer son importance pour la ville. Les candidats ont enfin pris conscience de la nécessité d’un grand projet », précise Marie Descazeaux, membre actif de GMB. Plus précisément, Catherine Vautrin s’est déclarée favorable à une nouvelle architecture contemporaine sur la place du Boulingrin, tandis que Renaud Dutreil, favori des sondages, souhaiterait conserver le musée in situ pour créer un pôle culturel avec la cathédrale et la médiathèque. De son côté, la candidate socialiste prône, avant toute décision, une réflexion globale sur l’urbanisme de Reims. En revanche, aucun des trois candidats n’a, pour l’instant, évoqué un rapprochement avec le FRAC, initiative qui rencontre des réticences à tous les niveaux. Une fois le projet validé, le plus dur restera à faire : trouver les moyens nécessaires aux travaux, quand les temps sont aux restrictions, et ce, particulièrement pour la Culture. Il semble pourtant incontournable de doter, enfin, les collections du Musée des beaux-arts de Reims de l’écrin qu’elles méritent, et, par la même occasion, pourvoir la région d’un vaste équipement culturel valorisant aussi les arts plastiques.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°274 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Reims se réveille

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