New York

Redistribution des rôles au Whitney Museum

Le Journal des Arts

Le 19 mars 2004 - 1079 mots

Directeur du Whitney Museum depuis octobre 2003, Adam Weinberg lance un programme de réformes artistiques et administratives pour le musée.

NEW YORK - Directeur du Whitney Museum depuis octobre 2003, Adam Weinberg s’est déjà attelé à son vaste programme de restructuration de l’institution, à commencer par la conservation et l’administration. Caressant des projets d’extension tout en cherchant à assainir les finances du musée, il souhaite également favoriser les artistes vivants dans les expositions et les acquisitions. Cette réorganisation se fonde sur la suppression du système hiérarchique instauré par son prédécesseur, Maxwell Anderson. En lieu et place d’un sous-directeur dont les chefs de départements dépendaient, Adam Weinberg souhaite nommer une série de directeurs associés, avec lesquels il sera en contact direct. Ce conseil « de sages » réunira le directeur financier et les responsables du développement, de la communication, du marketing et des programmes pédagogiques. Le directeur envisage également de créer un poste de conservateur en chef, tout en se réservant la possibilité d’exercer lui-même cette fonction.
Des changements sont par ailleurs à prévoir au sein de la conservation, où Maxwell Anderson avait imposé des cadres chronologiques aux missions des conservateurs. « J’ai l’intention de démembrer ce système et de créer une approche bien plus horizontale dans les mois à venir, explique Adam Weinberg. Vous ne verrez plus de conservateur pour le début du siècle [XXe], un pour le milieu du siècle et un autre pour le contemporain. » Les spécialistes en arts graphiques, en film ou en vidéo, en photographie, en peinture ou en sculpture seront ainsi libres de travailler avec l’ensemble des collections. « Je crois aux personnes qui ont des spécialités sans toutefois être des spécialistes, défend-il.  Elles peuvent avoir un sujet de prédilection mais pourquoi ne pourraient-elles pas proposer des projets dans d’autres domaines ? » Cette restructuration en est encore au « stade initial », mais deux postes sont d’ores et déjà prévus : un spécialiste en dessin et un autre en spectacle vivant pour raviver les programmes de musique, danse et littérature du musée.
Adam Weinberg nous a aussi confié que le conseil d’administration du Whitney Museum souhaite qu’il soit « plus en phase avec la communauté artistique au sens large », avant d’ajouter : « Nous avons un engagement envers les artistes vivants. » Sous la direction de Maxwell Anderson, le musée a organisé des expositions sur des artistes consacrés, tels Joan Mitchell, Alice Neel, et Mies van der Rohe.
Le nouveau directeur a hérité d’un programme surchargé jusqu’au printemps 2005, avec même des projets jusqu’en 2007. S’il ne s’est pas encore décidé sur la forme que prendra la Biennale du Whitney en 2006 (lire l’encadré), il réfléchit sérieusement à « une installation dans l’ensemble du musée en regard de la collection ». Il souhaite également organiser des expositions itinérantes qui voyageraient en Europe, en Amérique du Sud, en Asie mais  aussi dans le reste des États-Unis : « Si nous accueillons plus d’expositions que nous n’en produisons, les gens ne sauront plus qui nous sommes et ce que nous faisons », nous a-t-il déclaré.
À l’époque de Maxwell Anderson, le conseil d’administration du Whitney avait approuvé, avant de l’abandonner, un projet d’extension signé Rem Koolhaas. La nécessité d’extension du musée étant toujours d’actualité, Adam Weinberg souhaite bénéficier de nouveaux espaces d’exposition, d’un centre d’études et d’une salle de cinéma, développer les programmes de spectacle vivant et les activités pédagogiques, tout en améliorant les équipements destinés aux visiteurs. « Nous sommes dans ce bâtiment depuis une quarantaine d’années et notre aptitude à satisfaire le public est limitée », déclare-t-il, ajoutant que les collections de peinture et de sculpture ont grandi et que l’absence d’un centre d’études rend inaccessibles les deux tiers de la collection. « J’espère que ces projets seront réalisés grâce à un agrandissement du bâtiment, mais ceci n’exclut pas l’existence d’un espace hors site, même plus modeste. »
Bien que Altria Corporation sponsorise une annexe du musée à Manhattan, Adam Weinberg n’envisage pas la création d’un nouvel espace sponsorisé par une entreprise mécène. Toutefois, une structure additionnelle permettrait d’accueillir le « programme d’études indépendantes » du musée et la location d’un site n’est pas exclue. Maxwell Anderson avait examiné la possibilité d’organiser la Biennale et d’autres expositions au Seventh Regiment Armory, sur Park Avenue, mais Adam Weinberg n’a pas encore officiellement étudié la question. Dans l’objectif d’y installer des espaces d’exposition, il a toutefois l’intention de récupérer une partie de la galerie du bâtiment de Mies van der Rohe, espace qui abrite actuellement le restaurant et la boutique du musée.
L’institution affichait un déficit de 2 millions de dollars en 2002, et ce malgré une fermeture au public deux jours par semaine. Adam Weinberg estime que le musée ne peut toujours pas se permettre d’ouvrir six jours par semaine. Les coupes budgétaires et les fonds destinés à combler les pertes, octroyés par les membres du conseil, ont réduit le déficit. Le directeur pense équilibrer le budget d’ici à la fin de l’année. S’il a engagé un responsable pour le mécénat venant de la fondation Pew Charitable Trusts, il est toujours à la recherche d’un responsable du développement et d’un directeur associé pour le marketing et la communication, deux postes cruciaux pour l’avenir de l’institution.

La Biennale du Whitney 2004

La Biennale d’art contemporain américain 2004 est l’occasion pour le Whitney Museum of American Art d’ouvrir ses portes à 108 artistes de générations et d’horizons aussi divers que Marina Abramovic, Maurizio Cattelan, David Hockney, Roni Horn, Yayoi Kusama ou Richard Prince. Les travaux d’artistes américains ou travaillant aux États-Unis sont exposés dans le musée, mais aussi en extérieur avec le soutien du Public Art Fund, et se déclinent dans tous les supports, de la peinture et la sculpture à l’art numérique en passant par la vidéo ou le film. Cette année, les artistes présentés se rejoignent sur les différents terrains de l’engagement artistique, culturel et politique de la fin des années 1960 et du début des années 1970, de la création de mondes fantastiques et de nouvelles formes narratives, de celui enfin des peintures et des dessins marqués par l’obsession du travail de la ligne, de la surface et de l’image. Pierre angulaire de cette édition : le sentiment d’anxiété et d’insécurité des artistes face au monde actuel. - 2004 WHITNEY BIENNAL, jusqu’au 30 mai, Whitney Museum of American Art, 945 Madison Avenue, New York, tél. 1 212 570 3676, tlj sauf lundi et mardi, 11h-18h mercredi, jeudi et week-end, 13h-21h vendredi, www.whitney.org

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°189 du 19 mars 2004, avec le titre suivant : Redistribution des rôles au Whitney Museum

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