Trois questions à

Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires

« Revenir à une vraie compétence de l’antiquaire »

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 14 mai 2004 - 649 mots

Quel est votre sentiment sur le marché de l’art d’Extrême-Orient ?
Le fossé se creuse entre les objets majeurs et les autres. Les premiers se vendent à des prix de plus en plus élevés. En revanche, la chute des prix est de l’ordre de 60 à 70 % pour les objets moyens et de 30 à 40 % pour les premières qualités. Il y a actuellement des opportunités à saisir. D’ici un ou deux ans, il y aura une pénurie telle que les amateurs seront obligés de se rabattre sur les objets de première qualité, dont les prix vont alors grimper. Les importateurs qui arrosent le marché avec des œuvres fausses représentent actuellement un grand problème. Les écarts de prix entre ce qu’ils proposent et ce que les vrais marchands affichent est de l’ordre du double ou du triple. Les gens ne s’y retrouvent plus. Ces objets peuvent être vendus avec des certificats d’analyse de laboratoire alors qu’ils ont été reconstitués. C’est la raison pour laquelle je vais me battre pour considérer les analyses scientifiques seulement comme indicatives dans la commission d’expertise de la Biennale des antiquaires. En aucun cas elles ne peuvent supplanter l’avis des experts. On va revenir à une vraie compétence de l’antiquaire et de l’expert. Il y a une relève des compétences au niveau français avec notamment Antoine Barrère, mais on les compte sur les doigts d’une main. De toute manière, on n’a jamais été bien nombreux.

Quels objets vous ont le plus intéressé dernièrement ?
J’ai beaucoup aimé l’exposition « Chine, l’énigme de l’homme de bronze » à l’Hôtel de Ville de Paris en janvier. L’exposition présentait des masques d’une culture de la Chine du Sud du XIIe avant J.-C. C’est une culture dont on ne connaît rien. Il est possible qu’il s’agisse d’une tribu non chinoise, sans doute les Shou ou les Ba-shou, en bataille permanente avec les Shang. On ne connaît rien de leurs rituels. Il n’y a eu qu’une seule pièce sur le marché à Hongkong depuis quatre ou cinq ans. À partir de celle-ci, des faussaires ont fabriqué une douzaine de répliques qu’on retrouve malheureusement dans de grandes collections.

Quelle est votre actualité ?
J’ai été réélu le 26 avril à la présidence du Syndicat national des antiquaires. Au moment de ma réélection, on m’a violemment critiqué en me reprochant d’être un tyran. Je vais donc déléguer plus et donner les grandes lignes tout en gardant un minimum de contrôle et de contact avec les dossiers. Je vais terminer le dossier sur la Biennale des Antiquaires, qui comptera 102 exposants contre 107 pour l’édition précédente. Vingt-sept exposants comme Partridge Fine Art (Londres) ou Alain de Monbrison (Paris) ne reviennent pas cette année. Nous avons agrandi la surface d’exposition de 300 m2. On démarre directement dans le hall, qui était autrefois vide. Les joailliers ont été transférés en mezzanine. Dans un mois, on réattaque avec le Salon du collectionneur. Toutes les batailles juridiques et fiscales se poursuivent. Nous avons réussi à prouver que la taxe sur la plus-value sur des objets confiés par des ressortissants non français à des marchands français était une erreur. On en est au stade de demander un amendement sur le prochain budget de l’État. Le problème d’Unidroit est toujours latent. La restructuration du Syndicat est un des gros dossiers. On a deux salons et il faut que l’équipe de gestion soit la même. Après la Biennale, l’étape finale sera la restructuration du conseil d’administration qui, tout comme le président, devrait être élu pour deux ans pour couvrir à chaque fois la Biennale. En octobre, il y aura vraisemblablement une dissolution du conseil d’administration par l’assemblée générale extraordinaire. Je vais proposer qu’on réduise le nombre des membres du conseil de 18 à 12, mais la décision ne pourra être prise que par l’assemblée. Dans le procès qui oppose le Syndicat à l’antiquaire Jean Lupu, la suite est en réflexion.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°193 du 14 mai 2004, avec le titre suivant : Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires

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