Marché de l’art

Maurice Segoura ferme boutique

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2006 - 513 mots

L’antiquaire parisien devrait vendre son stock en octobre chez Christie’s à New York.

PARIS - Après les deux cents lots de l’antiquaire londonien Partridge le 17 mai, l’antiquaire Maurice Segoura devrait céder l’intégralité de son stock chez Christie’s à la mi-octobre à New York. Faute d’obtenir un renouvellement du bail de l’hôtel de Clermont-Tonnerre, situé place François Ier, dans le 8e arrondissement parisien, et de dénicher d’autres locaux adéquats, le marchand fermera ses portes le 31 mars. Propriétaire de l’hôtel particulier, l’homme d’affaires François Pinault pourrait y installer les activités centrales du groupe Artemis. « Depuis trois ans, mon bail n’avait pas été renouvelé. François Pinault l’a finalement racheté au prix du marché », nous a déclaré Maurice Segoura. Il n’est pas surprenant que l’antiquaire ait confié à l’écurie de François Pinault le soin de vendre son stock, sa fille Florence de Botton comptant parmi ses cadres actifs. Le choix de New York se révèle en revanche surprenant. La vente Jean Rossignol en décembre 2005 chez Artcurial avait pourtant prouvé la compétitivité de la France en la matière. « New York est mon marché. Ma clientèle a toujours été à 60-70 % américaine », précise le marchand.

Une commode Segoura
Maurice Segoura avait débuté en 1955 avec son beau-père boulevard de Courcelles, avant de s’installer dans le faubourg Saint-Honoré. Son déménagement en 1994 pour l’hôtel de Clermont-Tonnerre changera sa manière de travailler. « L’hôtel particulier donne plus de confidentialité et de respectabilité. Les plus grands antiquaires comme les Kraemer ou les Wildenstein travaillent dans des hôtels particuliers », rappelle-t-il. Préalablement occupé par le couturier Pierre Cardin, le bâtiment exige une remise à niveau totale. En six mois, le décorateur François-Joseph Graf retire les faux plafonds, refait l’aménagement intérieur et les décors. D’Albert Frère à Hubert de Givenchy en passant par les Kravis, les plus gros clients arpenteront sa boutique. Les plus grands musées aussi, tel le Louvre ou le Getty (Malibu). « Il était parvenu à être incontournable. On ne disait pas qu’on avait acheté une commode de Weisweiler mais une commode Segoura », souligne François-Joseph Graf. « Il avait une rapidité à comprendre un objet et à décider. Il n’était pas influençable », ajoute le marchand Jean-Marie Rossi. Même si l’imparfait domine les commentaires, le patriarche au goût classique continuera à travailler en compte et demi ou tiers avec ses confrères Jacques Perrin et Jean-Marie Rossi. Ses deux fils, Marc et Pierre, devraient poursuivre une activité, bien qu’allégée.
La vente Segoura n’augure toutefois pas de pièces exceptionnelles. « Les grands objets sont déjà partis. Il a toujours vendu les pièces exceptionnelles en peu de temps. Depuis deux à trois ans, il achetait moins », indique un familier. Les observateurs signalent d’ailleurs de nombreuses reventes récentes de fonds de tiroir, notamment à Drouot. Les œuvres importantes, acquises en compte et demi ou tiers avec ses confrères, ne devraient pas non plus figurer dans la dispersion. D’ailleurs, si la vente égrenait des chefs-d’œuvre, n’aurait-on pas conclu que les antiquaires ne rivalisent pas avec les maisons de ventes, même pour céder des pièces insignes ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°233 du 17 mars 2006, avec le titre suivant : Maurice Segoura ferme boutique

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