Arts asiatiques

Nippes nippones

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 29 mars 2017 - 400 mots

Le Musée Guimet révèle un impressionnant prêt de kimonos en provenance des collections constituées par l’ancestrale maison Matsuzakaya.

PARIS - « Au bonheur des dames. » Le sous-titre de l’exposition que le Musée national des arts asiatiques-Guimet consacre au kimono est plutôt bien choisi : les vêtements exposés sont presque tous exclusivement féminins et ils émanent des fonds d’un grand magasin. Rien à voir cependant avec celui imaginé par Zola : il s’agit de la maison Matsuzakaya, fondée à Nagoya au Japon en 1611. Cette boutique de « vente en gros » de kimonos et d’accessoires devient au XVIIIe siècle le fournisseur officiel des aristocrates et, en 1910, se change en grand magasin sur le modèle occidental. De 1931 à 1939, le lieu constitue une collection d’environ dix mille costumes et accessoires de chaque époque achetés auprès d’artisans teinturiers, d’antiquaires et de collectionneurs privés ; il se dote ainsi de sources d’inspiration précieuses pour poursuivre la création de kimonos d’excellence.

Un prêt spectaculaire
C’est aujourd’hui une vaste sélection de ces pièces – elles sont conservées entre la J. Front Retailing Archives Foundation Inc. et le Musée municipal de Nagoya – qui est présentée à Paris, comme témoignage de la diversité des techniques et des motifs des kimonos, liés à  l’époque et à la classe sociale. Si le Musée Guimet avance que la collection n’est jamais sortie du Japon, Toshiaki Tsushima, président de la J. Front Retailing Archives Foundation Inc., précise dans le catalogue que des pièces ont déjà été prêtées à des musées étrangers mais « jamais pour une exposition de cette envergure ». Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’un prêt spectaculaire tant ces atours, qui vont du XVIe au XIXe siècle, attestent d’un bon état de conservation, que l’on serait, au passage, en peine de trouver dans les vêtements occidentaux anciens abrités par les institutions françaises. C’est particulièrement frappant lorsque l’on observe ce kosode (kimono à petites manches) à motifs de lignes ondulantes et chrysanthèmes de la seconde moitié du XVIe siècle, remarquablement préservé. Comme d’autres pièces, il sera remplacé le 5 avril par un autre vêtement, ces textiles très fragiles devant ne pas être exposés trop longtemps à la lumière.

La fin du parcours s’écarte du prêteur principal et présente des pièces de haute couture plus contemporaines inspirées plus ou moins lointainement par les kimonos traditionnels. Une partie de l’exposition qui ne laissera pas un souvenir impérissable.

Kimono, au bonheur des dames

Jusqu’au 22 mai, Musée national des arts asiatiques–Guimet, 6, place d’Iena, 75116 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°476 du 31 mars 2017, avec le titre suivant : Nippes nippones

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