Maisons de ventes, le « mercato » bat son plein

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 18 février 2016 - 498 mots

Depuis quelques mois, les transferts de cadres dirigeants entre grands « auctioneers » se multiplient. Un signe de fébrilité du marché.

Qui remportera le jeu des chaises musicales entre les grandes maisons de ventes ? C’est la question que l’on peut se poser en observant la multiplication des allées et venues entre les têtes dirigeantes des maisons de ventes depuis plusieurs mois. En juillet 2015, Christie’s avait frappé un grand coup en débauchant Guillaume Cerutti, alors P.-D.G. de Sotheby’s France (et vice-président pour l’Europe continentale). Après huit années passés dans la société américaine, celui-ci assurera dès la mi-2016 la présidence de Christie’s pour le Royaume-Uni, l’Europe continentale, le Moyen-Orient, la Russie et l’Inde. « Une perte importante pour Sotheby’s, qui pourrait regretter de n’avoir pas satisfait à ses ambitions », commente un observateur du marché.

Phillips a quant à elle abondamment puisé ses ressources chez Christie’s. Courant 2014, elle avait nommé en tant que président-directeur général Edward Dolman, qui avait occupé ce poste précédemment au sein de la société de François Pinault jusqu’à l’ère Steven Murphy. Au cours de l’été, Phillips recrutait à nouveau trois anciens de Christie’s, Robert Manley, Hugues Joffre et Jean-Paul Engelen, tous issus des départements de l’art après guerre et contemporain. Sotheby’s a de son côté avancé ses pions en deux temps. Début décembre, elle débauchait le président de Christie’s Amérique, Marc Porter, acteur majeur dans le développement des ventes privées de la maison. Un mois plus tard, l’entreprise annonçait le rachat pour 85 millions de dollars de la société de conseil Art Agency, Partners. En acquérant cette jeune entité fondée seulement deux ans auparavant, Sotheby’s intègre à ses équipes Allan Schwartzman, conseiller en art confirmé, mais aussi Amy Cappellazzo, ancienne responsable du développement au sein du département d’art contemporain chez Christie’s (et encore Ed Tang et Joe Dunning, également anciens de chez Christie’s).

« Services clients »
L’intégration de ces profils aux fonctions clés dans la configuration actuelle du marché est symptomatique de la transformation des maisons de ventes, qui passent d’un modèle économique traditionnel centré sur les enchères vers une forme plus sophistiquée où sont développés les ventes privées et les divers « services clients ». L’accélération de ces allées et venues intervient en effet dans un contexte global de concurrence devenue de plus en plus féroce entre les maisons de ventes. En accordant toujours plus de concessions aux vendeurs, dans l’optique d’acquérir des parts de marché, les opérateurs voient leur rentabilité chuter. Ces mêmes raisons avaient déjà fait tomber de leur piédestal fin 2014 les P.-D.G. des géants anglo-saxons, William Ruprecht chez Sotheby’s et Steven Murphy chez Christie’s, respectivement remplacés par Tad Smith et Patricia Barbizet. Cette compétition a aussi poussé Sotheby’s à proposer en novembre dernier un plan de départs volontaires, qui s’est soldé par le départ de 80 employés pour une somme avoisinant les 40 millions de dollars. « Dans ce contexte, tous les coups sont permis pour affaiblir son adversaire », commente, désabusé, un observateur du monde de l’art.

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Amy Cappallazzo. © Sotheby's.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°451 du 19 février 2016, avec le titre suivant : Maisons de ventes, le « mercato » bat son plein

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