Revers pour Roland-Garros

Les serres d’Auteuil prennent l’avantage

Alors que la convention entre la Ville de Paris et la Fédération française de tennis vient d’être retoquée, les associations de défense des Serres d’Auteuil présentent leur « contre-projet »

Le Journal des Arts

Le 12 mars 2013 - 763 mots

La convention signée entre la Ville de Paris et la Fédération française de tennis pour l’extension du stade de Roland-Garros a finalement été retoquée par le tribunal administratif de Paris. Ayant obtenu gain de cause, les associations de défense des serres et jardins d’Auteuil ont présenté leur contre-projet.

PARIS - Le 1er mars, le tribunal administratif de Paris a accordé l’avantage aux associations de défense du patrimoine et de l’environnement et annulé la délibération municipale sur la convention signée entre la Ville de Paris et la Fédération française de tennis (FFT) qui autorisait l’extension du stade de Roland-Garros. En soulignant l’absence d’une « information suffisamment claire, précise et complète » des conseillers de Paris lors de la délibération sur les niveaux de protection des serres et des jardins d’Auteuil, le tribunal a donné du grain à moudre aux associations qui avaient engagé ce premier recours. Le 5 mars, profitant de cette décision favorable, Vieilles maisons françaises (VMF) et la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF), soutenues par France Nature Environnement, ont présenté leur « projet alternatif » à celui proposé par la FFT. Pour épargner les serres d’Auteuil, dont les jardins et certains bâtiments ont été inscrits sur l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1998, les associations avaient déjà proposé, en mai 2012, une couverture partielle de l’autoroute A13, mais la proposition avait été jugée trop coûteuse en juillet par Anne Hidalgo, chargée du dossier à la Mairie de Paris. Aujourd’hui, les associations sont revenues à la charge, chiffres et expertise indépendante à l’appui. « Très souvent, les associations critiquent, mais ne font pas de contre-projet, souligne Alexandre Gady, président de la SPPEF. Nous avons  pris les règles du jeu des professionnels », et privilégié la préservation des espaces protégés, tout en suivant à la lettre le cahier des charges de la FFT.

Au final, le contre-projet représente une augmentation de l’espace foncier de plus 13 400 m2 (contre 9 435 m2 dans le projet de la FFT), une surface qui comprend une section de 6 400 m2 sur l’autoroute à couvrir. S’y ajouterait la privatisation d’une partie de la chaussée de l’avenue de la porte d’Auteuil, et surtout la surélévation du court no 1 pour accroître sa capacité d’accueil de 1 200 places et atteindre les 5 000 places requises par le cahier des charges (la FFT prévoit sa démolition et la construction d’une enceinte de 5 000 places à proximité des serres). Au centre, un espace arboré servirait de respiration et permettrait l’implantation du Village. Ces aménagements seraient d’un coût modéré : 53 millions d’euros, dont 43 millions dévolus à la couverture de l’autoroute, « des chiffres comparables à la couverture du périphérique aux Lilas ou à la porte de Vanves », selon les associations. Ce surcoût serait compensé par l’annulation de la construction d’un nouveau court grâce à l’agrandissement du court no 1, estimé à 7 millions d’euros.

En décembre 2012, la Fédération française de tennis a réévalué le coût de son projet, qui est passé de 273 millions à un peu plus de 340 millions d’euros. Autres coups durs pour la Fédération, l’État s’est désengagé en retirant une enveloppe de 20 millions d’euros et le calendrier est à nouveau repoussé, avec une livraison prévue pour 2018 au lieu de 2016.

Chaque permis attaqué
Si la Ville de Paris et la FFT font appel de la décision du tribunal administratif, les associations envisagent d’autres recours : la contestation du plan local d’urbanisme (PLU) nouvellement modifié et celle des permis de construire. « On attaquera chaque permis, un à un », prévient Alexandre Gady. Une bataille judiciaire qui risque de retarder le début des chantiers et de s’inviter dans le champ politique : « Notre projet va être soumis à l’ensemble des candidatures dans la campagne [municipale] qui va s’ouvrir », souligne Philippe Toussaint, président de VMF. Le dossier dépasse les clivages politiques. Si Anne Hidalgo, candidate socialiste à la Mairie, a toujours défendu activement le projet d’extension, les élus Europe Écologie-Les Verts au Conseil de Paris n’ont eu de cesse de le dénoncer. Dans le 16e arrondissement, le maire UMP Claude Goasguen soutient l’agrandissement sur les serres, tandis que du côté de Boulogne-Billancourt les associations ont reçu le soutien du maire UMP Pierre-Christophe Baguet et son feu vert à leur contre-projet. L’extension de Roland-Garros soulève de plus en plus de réactions négatives. D’autant plus que, comparée aux trois autres tournois du Grand Chelem, la surface de Roland-Garros, même après extension, ne sera peut-être pas suffisante pour pérenniser son avenir à ce niveau de compétition.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°387 du 15 mars 2013, avec le titre suivant : Les serres d’Auteuil prennent l’avantage

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