Fresque perdue de Léonard de Vinci : un premier indice encourageant

Par Suzanne Lemardelé · lejournaldesarts.fr

Le 14 mars 2012 - 459 mots

FLORENCE (ITALIE) [14.03.12] – Fin 2011, le professeur californien Maurizio Seracini a reçu du ministère italien de la Culture l’autorisation de perforer un mur du Palazzo Vecchio, pourtant orné d’une fresque de Giorgio Vasari. Le scientifique est en effet persuadé que la légendaire « Bataille d’Anghiari » de Léonard de Vinci est cachée derrière. Une hypothèse renforcée, d’après lui, par les premiers résultats du chantier. PAR SUZANNE LEMARDELÉ

L’idée obsède Maurizio Seracini depuis 35 ans : et si La Bataille d’Anghiari de Léonard de Vinci était cachée derrière La Bataille de Marciano de Giorgio Vasari ? Cette fresque de Léonard décorait la salle du Grand Conseil au Palazzo Vecchio, elle est perdue depuis le XVIe siècle. Le maître lui-même en aurait abandonné la réalisation avant la fin, déçu de la technique expérimentale qu’il employait. Immédiatement copiée par ses contemporains et passée à la postérité, l’œuvre fait néanmoins partie du patrimoine imaginaire de l’histoire de l’art. Voilà qui justifie, pour le scientifique, une opération controversée de recherche, menée avec la bénédiction du ministère italien de la Culture ainsi que du maire de Florence et soutenue par National Geographic. Six petits trous ont donc été percés dans la fresque de Vasari pour y introduire des micro-caméras et des sondes, à la recherche d’indices accréditant sa thèse.

L’opération a permis de déceler, sous la première fresque, des traces de peinture noire dont la nature serait similaire à celle employée par Léonard pour la réalisation de La Joconde et du Saint Jean-Baptiste. Des données « très encourageantes » pour Maurizio Seracini, « même si nous sommes encore dans la phase préliminaire des recherches et qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour résoudre ce mystère ». Les experts soulignent cependant que les découvertes n’apportent aucune réponse définitive mais juste une « possibilité ». Selon eux, d’autres analyses chimiques sont encore nécessaires. Le maire de Florence, Matteo Renzi, a quant à lui salué des premiers résultats « très significatifs ».

Même si les trous effectués dans la fresque de Vasari ont été percés à des endroits déjà restaurés de l’œuvre, cette quête de la bataille perdue fait polémique parmi les historiens de l’art. « Publicité à la Dan Brown », « recherche tragi-comique », « l’important c’est l’effet d’annonce », déplore Tomaso Montanari. L’historien de l’art est à l’origine d’une pétition contre cette intervention, qui a rassemblé plus de cent cinquante signatures d’historiens de l’art. Plusieurs conservateurs du Metropolitan Museum et de la National Gallery y ont notamment apposé leurs noms. Et l’annonce des premiers résultats ne change rien à la détermination de Tomaso Montanari : « Les résultats proviennent d’un laboratoire privé et n’ont pas été vérifiés par un tiers. Ces données ne changent pas la situation d’un iota », affirme-t-il.

Légende photo

Pierre-Paul Rubens(1577–1640), copie de la Bataille d'Anghiari de Léonard de Vinci, vers 1603, dessin - source Wikipédia

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