Landerneau (29)

Yann Kersalé - Immersion totale

Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la culture - Jusqu’au 19 mai 2013

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 22 janvier 2013 - 343 mots

Sculpteur de la nuit et de la lumière, Yann Kersalé (né en France en 1955) fait très fort pour la seconde exposition présentée dans le nouvel espace Hélène & Édouard (récemment disparu) Leclerc ouvert cet été à Landerneau, en pays breton.

Il propose au visiteur de pénétrer successivement dans sept vastes boîtes noires, offrant sept voyages initiatiques tous très différents, qui soumettent le corps dans sa totalité – yeux, oreilles, épiderme – aux sensations les plus imprévisibles et déconcertantes. Comment ne pas irrésistiblement songer à des plongées au cœur de ce que nous avons tous vécu et oublié : ces quelques mois passés en apesanteur dans le ventre de notre mère ? En effet, chaque espace clos proposé par Kersalé immerge le visiteur au sein d’un monde vivant, organique, animé de bruissements, vibrations et sensations lumineuses. Non en parfaite harmonie – il y a des tensions, des ruptures –, mais en excitante et mystérieuse cohérence.

Osons un néologisme : Yann Kersalé est un merveilleux et très efficace « immerseur » de corps et de conscience. Pénétrer dans ses espaces est une aventure tant physique que spirituelle. Mais l’artiste, alors même qu’il porte haut les exigences de l’imaginaire, n’est pas que rêveur : chacune de ses réalisations met en jeu des technologies sophistiquées, son atelier est un véritable laboratoire. Il le faut bien pour réaliser des œuvres aussi complexes que Verticale allongée, une mise en abyme des feux nocturnes du phare de l’île Vierge (Plouguerneau, Finistère) ou Profondeur de lames, une installation où l’on se déplace en perdant toute notion de distance, le corps venant se heurter à de fines lamelles colorées évoquant les prairies sous-marine d’Océanopolis (également dans le Finistère).  

Marin, amateur de plongée sous-marines, Yann Kersalé apparaît à Landerneau comme un fantastique modeleur d’immersions nocturnes apaisées ou fulgurantes. Pour notre plus grand plaisir, il sait troubler habitudes et réflexes, nous conviant à de jouissives traversées du miroir.

Voir « Yann Kersalé, À des nuits lumière, La ville/La nuit/La mer »

Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la culture, Aux Capucins, Landerneau (29), www.fonds-culturel-leclerc.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°654 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Yann Kersalé - Immersion totale

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