Art contemporain

Béthune (62)

Vertiges de l’amour

Labanque - Jusqu’au 10 février 2019

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 30 octobre 2018 - 314 mots

BÉTHUNE

Après « Dépenses » en 2016 et « Intériorités » en 2017, « Vertiges », exposition collective conçue par Léa Bismuth à Labanque, est le troisième volet de « La Traversée des inquiétudes », trilogie librement adaptée de la pensée de Georges Bataille (1897-1962).

Avec cette ultime séquence réunissant douze artistes internationaux, dont neuf d’entre eux ont produit pour l’occasion des pièces inédites, la jeune commissaire poursuit sa recherche curatoriale confrontant l’art contemporain à une pensée fondatrice du XXe siècle. Sur 1 500 m2, depuis les sous-sols jusqu’aux étages de Labanque, des œuvres diverses (installations, photographies, peintures, sculptures, vidéos) proposent aux visiteurs une traversée du vertige, autant dans ses troubles que dans la découverte de soi. Construit en trois moments (Les vertiges de l’inconnu, La chance du vide et Le bleu du ciel), le circuit, finement élaboré, nous conduit des vertiges face à l’inconnu (les déserts de glace de Juliette Agnel, les encres arborescentes immersives de Claire Chesnier…) aux espaces impossibles du ciel, avec le corps en déséquilibre de Georges Tony Stoll tout entier tendu vers les nuages mais implacablement cloué au sol, en passant par le jeu risqué de la quête du vertige via l’attrait du vide, pouvant provoquer une extase à vivre telle une sortie hors-de-soi. « C’est le jeu, écrivait Bataille (Le Coupable), qui, de même que les catastrophes, est fascinant, qui permet d’entrevoir, positivement, la séduction vertigineuse de la chance. » À ce jeu-là, pas impossible que l’œuvre la plus éclairante du parcours soit le fusil chargé de munitions pour produire des coups de foudre de Marie-Luce Nadal, transformant l’art en un subtil terrain de jeu : rejouant le phénomène météorologique bien connu, elle évoque aussi la manifestation subite de l’amour de la première rencontre, autrement dit le vertige de… l’amour, déjà abordé par Léa Bismuth en 2016 dans ses « Fragments de l’amour » à La Traverse d’Alfortville. Ainsi, la boucle est bouclée, et l’on attend impatiemment la suite du voyage.

« Vertiges »,
Labanque, 44, place Georges-Clemenceau, Béthune (62), www.lab-labanque.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Vertiges de l’amour

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque