Art contemporain

Genève (Suisse)

Vandale au musée

Musée d’art et d’histoire – Jusqu’au 16 juin 2024

Par Ingrid Dubach-Lemainque, correspondante en Suisse · L'ŒIL

Le 26 février 2024 - 317 mots

De l’ordre ? Du chaos, oui ! On connaît depuis longtemps le goût pour la provocation de Wim Delvoye.

Détournements - De son interprétation de l’architecture et de la statuaire gothiques à la recréation d’un système digestif (la fameuse machine Cloaca, exposée à Genève), Wim Delvoye a déjà une longue série d’expérimentations d’un genre plus ou moins baroque et de bon goût derrière lui. Lui ouvrir les portes du Musée d’art et d’histoire de Genève – gigantesque collection hétéroclite – ne pouvait que créer des étincelles. Pari réussi, en cela, pour cette quatrième carte blanche offerte à un artiste à l’invitation du musée, dans laquelle le visiteur ne doit pas craindre de se laisser dérouter et bousculer. Il lui faudra d’abord de s’habituer à la vue de ces œuvres (fac-similés issus de la collection personnelle de l’artiste ou recréées par ses soins) trouées ou détournées, comme ces répliques d’étuis ou de boîtes accueillant des objets (arrosoir ou seau en plastique) que l’artiste nomme « démocratiques ». À l’oreille, aussi, de s’adapter à l’écho des roulements des circuits de billes qui animent ses sculptures en marbre exposées avec celles de Canova et à ceux, semblables à des grondements de tonnerre, de ces lourdes balles de métal qui circulent le long des murs et des plafonds dans certaines salles. Picasso, Canova, Cranach ou Tinguely font les frais de ce « vandalisme élégant » qui souffle sur le musée. Mélangeant allègrement œuvres profanes et sacrées, objets précieux et quotidiens, les échelles de valeur sont elles aussi bousculées. Il y a indéniablement de l’énergie dans cette exposition pas comme les autres qui pourra agir de manière hypnotique sur le visiteur, une propension à mettre l’art en mouvement au sens le plus littéral du terme, de l’amusement aussi qui fera démentir aux plus réticents l’idée que le musée est un lieu statique, silencieux, voire ennuyeux. Mais pour la contemplation, il faudra en effet repasser.

« L’ordre des choses. Carte blanche à Wim Delvoye »,
Musée d’art et d’histoire, Genève (Suisse).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°773 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Vandale au musée

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