Le château de Fontainebleau s’attelle à une tâche difficile et un peu ingrate : reprendre dans une version très réduite l’une des meilleures expositions organisées sur Napoléon Ier.
La résidence préférée du grand homme accueille en effet la quatrième et dernière étape de « La Maison de l’empereur », l’époustouflante exposition conçue par le Musée des beaux-arts de Montréal l’année dernière. Or le caractère jubilatoire de l’étape canadienne reposait en grande partie sur la spectaculaire mise en scène de ces objets prestigieux, mais aussi sur la somme impressionnante de pièces accumulées qui permettait de prendre pleinement la mesure de l’importance de cette institution hors norme, composée de trois mille cinq cents employés régissant la vie publique et privée de la famille impériale dans ses moindres détails. Alors qu’à Montréal le visiteur avait littéralement l’impression de pénétrer dans les coulisses de cette extraordinaire machine à gouverner et à assurer le rayonnement du nouveau régime, la présentation de Fontainebleau se borne à un accrochage nettement plus classique et sommaire qui ne parvient pas à rendre l’étourdissante effervescence de cette Maison. La concision du parcours, due à la petitesse de l’espace dévolu aux manifestations temporaires, ne permet pas de brosser un panorama suffisamment évocateur de l’organisation de cette institution unique et de ses enjeux politiques. Malgré la qualité des pièces, notamment les céramiques, la présentation manque singulièrement de perspective et de relief.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Une trop petite maison pour Napoléon
