Une triennale « select » pour présenter la scène anglaise

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 avril 2006 - 390 mots

Au moment où la France prépare son rendez-vous triennal de l’art contemporain au sein du Grand Palais, la Grande-Bretagne offre une vitrine à ses artistes pour la troisième fois depuis 2000. Plutôt que de rejouer l’Invincible Armada par un nombre impressionnant de propositions et de noms, l’institution britannique réserve un espace « humain » au visiteur et n’a retenu qu’une trentaine d’artistes.
La dure tâche de la sélection a été confiée à Beatrix Ruf, directrice allemande de la très respectée Kunsthalle de Zürich : un choix opéré avec distance afin d’éviter toute auto-promotion aveugle. Le portrait de ce nouvel art anglais en est-il pour autant plus juste ? Les Anglais jugeront. Pour nous, il offre une vision rigoureuse, une synthèse de ce qui agite en ce moment nos voisins.
L’heure est visiblement à la réinterprétation, au réemploi, à la référence au fil des nombreuses toiles, des sculptures, des quelques films tous très récents et permet de constater le grand retour du collage.
L’art de l’échantillonnage et des jeux de références est très présent depuis quelques années. Le geste est admis depuis longtemps dans l’histoire de l’art, rien de nouveau donc mais il est permis de faire d’étonnantes découvertes d’autant que cette Triennale n’hésite pas à brasser les générations.
Ainsi le méconnu John Stezaker, né en 1949, expose des collages photographiques aux franges du surréalisme des plus passionnants. Et les petits jeunes Payne et Relph (nés en 1977 et 1979) ont réalisé un dessin animé très simple mélangeant allègrement Félix le chat et Picasso au fil d’une balade en noir et blanc très réussie.
Les emprunts, les dédicaces et les hommages aux maîtres de l’art sont légion, depuis Marcel Duchamp affiché par Angella Bulloch et Douglas Gordon, à Jeff Koons dans un film de Mark Leckey jusqu’au romantisme anglais pour certains peintres.
À mille lieux de l’art-divertissement, l’art anglais qui nous est proposé ici, affiche avec éclectisme un certain désenchantement technologique, une envie de pratiques plus classiques, d’objets à échelle humaine et surtout de bases solides. La provocation des années 1990 n’est plus, mais la mutation n’est pas terminée. Les trois prochaines années permettront certainement d’affiner la réflexion de ce voyage en Angleterre.

« Tate Triennial 2006 : New British Art », Tate Britain, Millbank, Londres, SW1P 4RG, entrée libre, tél. 00 44 (0) 20 7887 8687, www.tate.org.uk, jusqu’au 14 mai 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°579 du 1 avril 2006, avec le titre suivant : Une triennale « select » pour présenter la scène anglaise

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