Art moderne

Paris-15e

Un Foujita inédit

Maison du Japon - Jusqu’au 16 mars 2019

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 21 février 2019 - 384 mots

PARIS

À l’instar de son chat Mike, Foujita a eu plusieurs « vies », la première commençant à Tokyo, la suivante se déroulant à Paris, puis en Amérique, au Japon encore avant de revenir à Paris et de se terminer en Suisse.

Pour dérouler l’itinéraire géographique et l’évolution plastique de cet artiste incomparable, la Maison du Japon a conçu une rétrospective scandée par trente-six œuvres, dont une dizaine proviennent du Japon et sont vues à Paris pour la première fois. Après des études aux Beaux-Arts de Tokyo, c’est donc à Paris que débarque en 1913 ce samouraï original. Son allure excentrique en fait l’une des stars des années folles. Il se lie avec Modigliani, Soutine… En 1917, sa première exposition à la Galerie Chéron lève le voile sur ses aquarelles. C’est un triomphe. Au Salon d’automne de 1921, il expose un Nu allongé d’une grande finesse sur des grands fonds laiteux qui révèle un style unique. En 1923, il rencontre Youki, qui devient sa muse et sa femme. Ses longs cheveux blonds ondulant au premier plan de la grande composition Youki, déesse de la neige font l’admiration de Picasso. Il est à l’apogée de sa réussite et de son art quand le fisc et la crise économique de 1929 viennent entamer son train de vie dispendieux. Ruiné, il retourne au Japon avec Youki, pour y organiser plusieurs expositions jusqu’au début de l’année 1930. En quête de renouvellement, il part avec sa nouvelle compagne, Madeleine, pour un voyage de deux ans en Amérique latine. Son style se confirme, marqué par l’apparition de couleurs intenses et de figures imposantes comme Le Bateleur, contrastant radicalement avec ses nus aux fonds blanc nacré. À l’issue de ce périple, il rejoint le Japon, où il endosse le rôle de peintre de l’armée japonaise entre 1940 et 1945. Il peint l’occupation de la Chine par le Japon impérial et la guerre du Pacifique. Un art de propagande qui prend la forme d’immenses tableaux sombres et hallucinés, tel Morts héroïques sur l’île d’Attu. Après un séjour à New York, le voilà définitivement de retour à Paris en février 1950. Les madones et les christs couvrent de plus en plus ses toiles. Il se convertit au catholicisme et devient Léonard Foujita en hommage à Vinci. Une Adoration drôlement anachronique clôt cette rétrospective brève mais instructive.

« Foujita. Œuvres d’une vie (1886-1968) »,
Maison de la culture du Japon, 101 bis, quai Branly, Paris-15e, www.mcjp.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Un Foujita inédit

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