Art moderne

Un Cocteau inédit au Musée bibliothèque Pierre André Benoit

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 10 juillet 2019 - 480 mots

ALES

L’institution alésienne met en lumière une facette méconnue de l’écrivain : le dessinateur et illustrateur 

On connaît le Cocteau réalisateur du Sang d’un poète (1930) et auteur de La Machine Infernale (1934). Moins célèbres sont les expérimentations de l’artiste dans le domaine du dessin et du livre illustré. Une lacune à laquelle le Musée Bibliothèque Pierre André Benoit entend bien remédier à travers son exposition « Cocteau, l’empreinte d’un poète » à l’occasion des 130 ans de la naissance de l’esthète touche-à-tout et les 30 ans de l’institution. Elle a débuté le 20 juin et se tiendra jusqu’au 6 octobre 2019 sur 500 m2 d’espace, à Alès.

En guise d’introduction, le visiteur accède à une salle consacrée aux repères biographiques où sont diffusés des extraits de films réalisés par Cocteau ainsi qu’une bande sonore de la voix du poète se présentant, lui et son œuvre.

Les deux autres espaces d’exposition du rez-de-chaussée présentent plusieurs tableaux de la collection permanente du musée qui furent légués par Pierre-André Benoit, éditeur de livre illustrés et artiste (1921-1993). En particulier des toiles de connaissances communes entre ce dernier et Cocteau qui sont exposées, à l’exemple de travaux signés par Pablo Picasso, Georges Braque et Francis Picabia.

L’immersion dans l’œuvre graphique de Cocteau débute au 1er étage du musée. On y découvre une série de compositions épurées à la ligne parfois unique répartie selon un parcours thématique, depuis les mythes antiques marqués par le fatum jusqu’aux chapelles de France en passant par la tauromachie.

Sont également exposées une série de portraits et autoportraits ainsi que la production érotique de Cocteau, tantôt explicite, tantôt suggestive, comme avec les dessins qui composent l'ouvrage Le Dormeur, reproduisant la figure d’un ami assoupi.

Les œuvres présentées à cet étage, pour l’essentiel réalisées au feutre, sont composées de dessins originaux, d’études préparatoires et d’illustrations ornant les écrits de Cocteau - mais pas que. Le travail graphique de celui qui soutenait que « un beau livre, c’est celui qui sème à foison les points d’interrogation » comporte un recueil de recettes culinaires rédigé par un chef.

Cocteau illustrateur fut également illustré. Le second étage du Musée Bibliothèque Pierre André Benoit s’attarde sur ce second pan des livres d’artiste du poète, en donnant à voir plusieurs collaborations entre Cocteau écrivain et ses amis de la modernité picturale.

Ainsi, les vers calligraphiés de Mythologies (1934) magnifiés par des « bains mystérieux » de Giorgio de Chirico côtoient notamment les planches de La Voix humaine (1930) composées de pointes-sèches réalisées par Bernard Buffet en 1957.

La grande majorité des quelque 250 œuvres présentées sur les deux étages du musée, surtout des livres précieux et dessins mais également quelques céramiques produites par Cocteau, sont issues de la collection privée bruxelloise d’Alexandre Prokopchuk et Ioannis Kontaxopoulos, tous deux commissaires de l’exposition. Leur fonds de 800 pièces constitue l’unique collection complète des ouvrages illustrés de Cocteau, ou par Cocteau.
 

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