Du XVIe Au XXIe Siècle - L’horizon – cette ligne imaginaire et circulaire où ciel et terre (ou mer) semblent se confondre – enflamme l’imaginaire artistique depuis toujours.
Insaisissable, car impossible à atteindre, il demeure néanmoins « un repère stable et fixe pour tous les observateurs, qu’ils soient astronomes, navigateurs, voyageurs ou artistes. À chacun des grands moments de la pensée, il est revenu dans le champ du savoir », écrivent les commissaires de l’exposition, la directrice du musée, Emmanuelle Delapierre, et Céline Flécheux, professeur de philosophie de l’art. Contrairement à l’art byzantin, dont le fond doré symbolise l’infini englobant toute chose, la Renaissance introduit pour la première fois la ligne d’horizon. Inséparable de l’« invention » du paysage et de la perspective, elle établit une césure nette entre le monde terrestre et le monde divin, tout en inaugurant l’illusion de la profondeur. Les précieux traités de perspective présentés dans l’exposition démontrent que la ligne d’horizon est un outil fondamental de la perception. Quelques siècles plus tard, le paysage envahit toute la surface du tableau. Avec Édouard Manet (1832-1883), l’arrière-plan se redresse et la nature surgit au premier plan (L’Évasion de Rochefort, 1881). Ailleurs, quand la ligne devient instable, flottante ou évanescente, elle invite à la contemplation, souvent en l’absence de toute figure humaine (Paysage de montagne, près de Teplitz, Caspar David Friedrich, 1837). Dans l’art contemporain, l’horizon se métamorphose en une forme abstraite, un élément plastique autonome. Ce basculement est particulièrement perceptible chez Jan Dibbets (né en 1941) : tracée ou constituée à partir de photographies assemblées, la ligne d’horizon devient l’un des motifs récurrents de son œuvre (Comet Sea, 3°-60°, 1973). Ailleurs, Roy Lichtenstein (1923-1997) propose des paysages stéréotypés, des images revendiquant fièrement leur artificialité. Avec une ironie féroce, il s’impose comme le seul représentant du pop art à aborder la nature, transposée en un pur artefact (Landscape 9, 1967). À l’encontre de toute vision romantique, cette ligne lointaine perd alors de ses lettres de noblesse.
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Tour d’horizons artistiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°787 du 1 juillet 2025, avec le titre suivant : Tour d’horizons artistiques





