Art contemporain

Topor, artiste à part entière

Consortium, Dijon (21) – Jusqu’au 22 janvier 2023

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 25 octobre 2022 - 348 mots

Peinture  - « Oh la la », le Consortium ne fait décidément rien comme les autres ! Avec la complicité de la Galerie Anne Barrault, le musée à l’agilité d’un centre d’art expose 26 peintures et dessins de Roland Topor (1938-1997).

Si d’aucuns connaissent davantage le brillant touche-à-tout pour ses dessins de presse, ses écrits ou – question de génération – pour la série parodique Téléchat (1983-1986), dont il fut le créateur avec Henri Xhonneux, c’est donc l’artiste que l’on redécouvre à Dijon. Et, sans surprise, Topor s’y révèle Topor, son style inimitable comme ses obsessions inénarrables. Qu’il peigne à l’acrylique ou qu’il dessine à l’encre et aux crayons de couleur, le mémorialiste « d’un vieux con » a su faire de son manque de virtuosité une esthétique reconnaissable entre mille ; un trait sans souplesse, proche du surréalisme belge, mais où l’idée et l’onirisme, finalement, priment sur l’exécution. Héritées de son apprentissage de l’art de la gravure auprès d’Édouard Goerg, les hachures de L’Île nue (ou Nouvelle Récoltée), grand dessin à l’huile et à l’encre sur toile de 1973, ont une maladresse que l’on oublie vite pour ne plus regarder que cette plage de poitrines sur une « île de seins » prêtes, tels des coquillages à leur bouchot, à être récoltées. Sa peinture à l’acrylique ou à l’huile sur toile n’est pas moins scolaire, pour ne pas dire enfantine – Topor, ne l’oublions pas, fut pourtant formé aux Beaux-Arts. Mais peu importe, puisque l’art, chez Topor, ce grand « masochiste » nourri de pataphysique et d’humour noir, héritier de Goya et de Kubin, est au service d’un message coup de poing, pour paraphraser l’un de ses dessins publiés en couverture de Hara-Kiri en 1961, nourrit d’obsessions : les membres mutilés, le corps féminin, le sexe… On rit noir ou jaune, ou noir et jaune, devant son Hercule (1981), dessin au titre potache d’un malabar soulevant une femme par son… cul. Ce grand dessin de 1981 nous rappelle que, si Topor privilégiait l’idée, il ne s’interdisait pas d’expérimenter de nouveaux procédés, comme ici la bombe sur papier. Pas de doute, Topor est un artiste à part.

« Roland Topor, Oh la la »,
Consortium, 37, rue de Longvic, Dijon (21), www.leconsortium.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : Topor, artiste à part entière

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