Bordeaux (33)

Takako Saito, l’art de bien s’amuser

CAPC - Jusqu’au 22 septembre 2019

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 25 avril 2019 - 351 mots

Takako Saito. Ce nom ne vous dit rien ? Rien de plus normal.

L’artiste, qui fête ses 90 ans en 2019, voit sa première rétrospective organisée seulement cette année en France, à Bordeaux. Née en 1929 au Japon, Takako Saito s’est pourtant installée à New York en 1958 afin de rejoindre Ay-O et participer à l’avant-garde internationale. C’est Ay-O qui lui présente George Maciunas, fondateur de Fluxus qui l’intègre, en 1977, dans son Flux Cabinet– un meuble à tiroirs contenant un ensemble de dessins d’artistes associés à la nébuleuse néo-dadaïste, dont George Brecht, Robert Watts, Ben et, donc, Takako Saito. Obligée de quitter les États-Unis, l’artiste débarque en Europe en 1968, d’abord en France, puis en Angleterre, en Italie et, dans les années 1980, en Allemagne, où elle demeure toujours. Takako Saito partage avec Fluxus le goût pour l’humour, l’autodérision, le hasard, le jeu et le collaboratif. Dans ses performances, l’artiste japonaise revêt l’un de ses habits bariolés, confectionnés à l’aide de chutes de tissu, ou un drôle de chapeau, dont plusieurs exemples sont présentés au CAPC. Mais, à la différence d’autres performeurs, Takako Saito ne conçoit pas ses performances comme un « spectacle » qui serait offert au public, mais comme un moment d’échange avec celui-ci. Chez Saito, en effet, « tout le monde participe », y compris dans ses œuvres proprement plastiques. Dans l’une des salles du CAPC, le visiteur est ainsi convié à réaliser son propre tableau en volume à l’aide de formes – des cubes, comme souvent dans l’œuvre de Saito – magnétiques et à se faire photographier devant au Polaroïd. Dans une autre salle, le public est cette fois invité à jouer grâce à des jeux réalisés par l’artiste. Véritables sculptures, ces jeux prennent la forme de têtes percées dans lesquelles il faut glisser une bille, ou de plateaux d’échecs placés dans une cage ou perchés sur un chapeau melon. Ces jeux sont de véritables œuvres artisanales où le beau est omniprésent. À Bordeaux, le visiteur peut en toucher un certain nombre et mettre en pratique l’injonction qui sert souvent de titre aux œuvres de Saito : « Amusez-vous bien ! »

« Takako Saito »,
CAPC, Musée d’art contemporain, 7, rue Ferrère, Bordeaux (33), www.capc-bordeaux.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Takako Saito, l’art de bien s’amuser

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