Art contemporain

Paris-16e

Suivre Les règles du jeu d’Ulla von Brandenburg

Palais de Tokyo - Jusqu’au 17 mai 2020

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 24 mars 2020 - 330 mots

Il y a un an, pour l’exposition que lui consacrait le MRAC Sérignan, Ulla von Brandenburg avait conçu un parcours rythmé par des tentures qui faisait pénétrer le visiteur dans les coulisses d’un spectacle.

Elle y mettait successivement en scène des thèmes et des motifs récurrents dans son travail : les codes du baroque, la place du jeu et de la règle, le divertissement, le rêve, le rituel… Si elle procède à nouveau en habillant l’espace de tissus qui déguisent l’architecture du musée, elle fait toutefois le choix de n’offrir que de rares objets au regard. La scénographie culmine, cette fois encore, dans une salle aménagée à la façon d’un théâtre ambulant, face à un écran où est projeté un film musical, tourné en 16 millimètres. Plusieurs conditions sont nécessaires pour apprécier la proposition de l’artiste. Tout d’abord, accepter le contrat assez libre qui n’impose aucun scénario et se contente de suggérer des pistes à l’imaginaire : le parfum d’une meule de foin ; la luminosité d’une tenture monochrome ; l’énigme de ces objets étrangement surdimensionnés, comme ces craies géantes, ou sortis de leur contexte, telle cette nasse à poissons ; la tension, fragile, d’une attente, d’un manque à combler. Ensuite, c’est certain, la présence de danseurs confère à l’exposition une dimension supplémentaire. Pour assister à leur performance, il faut venir le samedi après-midi, le reste du temps seuls leurs doubles de chiffon, poupées jumelles à taille humaine, habitent de manière inanimée le parcours. On retrouve également les performeurs dans le film, qui a pour cadre le théâtre du Peuple, à Bussang, un lieu comme tout droit sorti de l’univers du conte et qui lui sert d’écrin parfait. Adossé à la forêt vosgienne, sur laquelle ouvre son fond de scène, il figure idéalement cet entre-deux, entre réalité et fiction, vers lequel l’artiste semble vouloir nous guider. Peinture, sculpture, danse, chant…, elle met tout en œuvre pour y parvenir. À chacun, s’il le souhaite, de franchir le pas à sa suite.

« Ulla von Brandenburg. Le milieu est bleu »,
Palais de Tokyo, Paris-16e. www.palaisdetokyo.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : Suivre Les règles du jeu d’Ulla von Brandenburg

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