Steiner

Une aventure mobilière française.

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 19 juin 2008 - 361 mots

Que l’on ne se méprenne pas. Même si l’Autrichien Rudolf Steiner eut quelque élan d’architecte – comme en témoigne le monumental Goetheanum de Dornach, en Suisse –, le gourou de l’anthroposophie et de la bio-dynamie n’a, en revanche, jamais trempé dans le... design.

Non, il s’agit bien, ici, du Français Charles Steiner qui, en 1926 à Paris, a fondé son entreprise de fabrication de mobilier.
Après ses premiers sièges, dans le style anglais, la firme s’oriente vers les fauteuils Club, aux proportions plus séduisantes. En 1946, à la mort du fondateur, Charles, c’est son fils Hugues, 20 ans à peine, qui reprend le flambeau jusqu’à la fin des années 1980, date à laquelle la société sera vendue au groupe Cauval Industries. Non seulement Hugues Steiner dessine lui-même des meubles, comme la fameuse gamme Bow Wood et sa structure en bois courbé à la vapeur, mais il n’hésite pas, entre les années 1950 et les années 1970, à faire appel à moult designers extérieurs.
Se distinguent d’abord des personnalités au faîte de leur époque : les René-Jean Caillette, Pierre Guariche, Étienne-Henri Martin, Pierre Paulin, Joseph-André Motte et autres Michel Mortier. Puis viendront les jeunes loups tels Pascal Mourgue, Claude Courtecuisse ou le Chinois Kwok Hoï Chan. Ce dernier deviendra le créateur fétiche de la marque. En témoignent la chaise Pussy Cat, le fauteuil Zen, la chauffeuse Limande et la chaise longue Alligator, qui se tortille comme un serpent.
À la fin des années 1970, la réputation de Steiner n’est plus à faire. Même le couturier Pierre Cardin viendra dessiner sa propre collection. Sa chauffeuse Trocadéro et sa méridienne Beaubourg, par exemple, marqueront les esprits. Certaines pièces sont, aujourd’hui, devenues des icônes. Ainsi en est-il du fauteuil Vampire et de la chaise Tulipe (Guariche), de la chaise Diamant (Caillette), du canapé Teckel (Mortier), ou encore, de la chauffeuse Kenya (Courtecuisse).
La vaste sélection de pièces rassemblées au musée d’Art contemporain à Marseille, dont les modèles phares, témoigne de la singulière modernité du plus ancien éditeur de meubles français.

« Steiner et l’aventure du design », musée d’Art contemporain, 69, avenue d’Haïfa, Marseille (13), tél. 04 91 25 01 07, jusqu’au 21 septembre 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°604 du 1 juillet 2008, avec le titre suivant : Steiner

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