Art Contemporain - Rétrospective et thématique, établissant des correspondances entre des œuvres de factures et d’époques très variées (sculptures, peintures, gravures, etc.
), l’exposition que consacre la Collection Pinault à l’artiste contemporain allemand Thomas Schütte (né en 1954) est à la fois prévisible et déroutante. Si elle fait suite à la grande rétrospective du MoMa (New York), longtemps décalée pour cause de crise sanitaire (elle a finalement eu lieu de septembre 2024 à janvier 2025), l’exposition de Venise, intitulée « Généalogies », entend éclairer le travail de l’artiste – on est accueilli sur le parvis par un grand bronze de 2024, Mutter Erde– par des œuvres jamais montrées, et pour cause : ce sont les dessins que l’artiste exécute lors de séjours récents à l’hôpital psychiatrique, souffrant de dépression profonde. Si la pratique du dessin et de l’aquarelle existe chez l’artiste depuis toujours, notamment sous forme de séries narratives ou abstraites, riches de jeux de mots et de provocations, l’exposition révèle des œuvres exécutées récemment (2022). Ces aquarelles (parmi plus de 1 000 réalisées en trois mois) ont été choisies par les commissaires, Jean-Marie Gallais et Camille Morineau, l’artiste refusant toujours de les regarder, ou de les commenter. Journal intime d’un homme en souffrance, elles sont aussi un contrepoint éclairant sur la place de l’échec et des aléas dans le travail de l’artiste, les jambes de ses premiers personnages modelés dans la cire ayant fondu dans leur socle. Les sculptures monumentales ou délicates, les drapeaux, les dessins, les figurines dont certaines en verre de Murano, résistent à la dureté des intérieurs de la Punta della Dogana, où briques et charpentes saturent l’espace. Les œuvres conjuguent ici les mêmes motifs en explorant, avec une réelle virtuosité, toutes les techniques et toutes les échelles. Une cartographie émouvante, qui oscille entre le spectaculaire et l’intime, dessinant ainsi le paysage mental d’un artiste dont l’œuvre ne cesse de décrire un monde où l’humanité se perd.
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Schütte, spectaculaire et intime
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Schütte, spectaculaire et intime