René-Jacques, né René Giton (1908-2003), voulait être écrivain avant de voir dans la photographie la possibilité d’illustrer des textes d’auteurs qu’il affectionnait, et dans Paris une source inépuisable d’images.
Il y a peu de personnes dans ses photos, y compris dans ses scènes de bistrot ou d’usine. « Je n’en ai pas besoin », dit-il dans le film projeté dans l’exposition. Et le photographe de rappeler son désir de convoquer sans jamais recadrer sa prise de vue ce que disent les murs d’une rue d’un dénuement ou un verre vide sur une table de café d’une solitude. Des photographes humanistes des années 1930-1960, René-Jacques compte parmi ceux dont on connaît moins bien le travail, excepté quelques photographies de Paris, des usines Renault ou du cirque Medrano. Depuis 25 ans, aucune monographie ne lui avait été consacrée. Aussi le retour sur l’œuvre entrepris par la Médiathèque du patrimoine et de l’architecture détentrice du fonds photographique sonne-t-il comme une réparation, du moins sonnait-il. Car la relecture trop succincte manque de corps, de parti pris fort et de vitalité, voire la dessert. L’image donnée du travail frôle l’ennui sauf pour la salle consacrée à son travail sur les usines Renault, la plus tonique de toutes. Pourtant, il y a matière, y compris dans ses photographies de plateau dont ici n’ont été retenues que celles du film Remorques de Jean Grémillon avec Jean Gabin et Michèle Morgan. Certes, elles comptent parmi les plus connues, mais là encore leur accrochage dans la salle intitulée « La mer », en référence à la fascination de René-Jacques pour l’océan, laisse plus que perplexe.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°731 du 1 février 2020, avec le titre suivant : René-Jacques en demi-teinte
