Rembrandt Caravage

Face-à-face de géants

L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 356 mots

En une fascinante confrontation, le Van Gogh Museum d’Amsterdam rend hommage à deux des plus grands artistes de l’âge baroque, Caravage (1571-1610) et Rembrandt (1606-1669).

Caravage meurt en 1610, quatre ans après la naissance de Rembrandt. L’un n’a cessé de voyager, parcourant l’Italie du nord au sud au gré des péripéties d’une vie tourmentée (cf. L’Œil n° 569), l’autre n’a vécu qu’à Leyde et Amsterdam, où il s’installe à l’âge de 25 ans. Lorsque Rembrandt naît, Caravage est en cavale, fuyant Rome pour tenter d’échapper à la police après un meurtre qu’il a commis au cours d’une rixe.
La conception de la peinture des deux artistes présente néanmoins des similitudes qui sont au cœur de l’exposition organisée au Van Gogh Museum. Innovations dans la manière de concevoir la composition, traitement singulier de thèmes religieux, maîtrise du clair-obscur, naturalisme des personnages et force de l’émotion qui se dégage des tableaux induisent autant de correspondances entre les deux œuvres.

L’influence des caravagesques
Mais quelle influence a pu véritablement avoir Caravage sur Rembrandt étant donné que le maître hollandais ne s’est jamais rendu à Rome et qu’il n’a, à priori, vu aucun tableau du peintre italien ? On sait cependant qu’il a pu voir des toiles caravagesques, notamment celles de Bartolomeo Manfredi (1582-1622), qui circulaient en Hollande, et en particulier à Amsterdam. Les premières marques du caravagisme dans l’œuvre de Rembrandt remontent aux années passées à Leyde. Des artistes d’Utrecht influencés à Rome par le Caravage et ses suiveurs font alors une forte impression sur le jeune Rembrandt. Il se livre avec Jan Lievens à des compositions privilégiant le naturalisme – les modèles sont souvent des gens de leur entourage, les autoportraits sont nombreux – et une lumière artificielle qui n’est pas sans évoquer celle du Caravage.
Les deux maîtres se font face pour la première fois dans une exposition. À travers la présentation de 25 œuvres monumentales de l’un et de l’autre prêtées par les musées du monde entier, ce sont deux conceptions du clair-obscur, celle du nord et celle du sud, qui se rencontrent et se répondent, dans un parcours organisé par paires – un Rembrandt en regard d’un Caravage – au gré d’une scénographie de Jean-Michel Wilmotte.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Rembrandt Caravage

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