LENS
De la Renaissance à nos jours - L’habit fait-il l’artiste comme il fait (ou non) le moine ? C’est à cette épineuse et stimulante question que tente de répondre le Louvre-Lens, à travers une exposition portant non seulement sur les tenues des artistes de la Renaissance à nos jours, mais aussi sur celles qu’ils créent – à moins qu’ils ne les destinent à devenir en réalité de provocantes et délicates sculptures aux allures de vêtements – et sur la façon dont les créateurs de mode s’inspirent de l’histoire de l’art.
Le parcours s’ouvre ainsi avec les robes d’Yves Saint Laurent rendant hommage à Georges Braque. Des toges pourpres et des robes fluides blanches drapées « à la grecque » en référence aux artistes antiques, aux créations textiles de Yayoi Kusama, à la perruque d’Andy Warhol, la blouse de Rosa Bonheur, la robe-serpent de Niki de Saint Phalle, les incroyables tenues portées par Leonor Fini ou l’hilarant veston aphrodisiaque de Salvador Dalí, se déroule ainsi une histoire du dialogue tissé entre la mode et les artistes. Si on peut parfois se sentir dérouté par cette exposition foisonnante où les frontières entre l’art et la mode s’estompent, on s’enthousiasme de sa richesse. Les commissaires de l’exposition sont allés jusqu’à fouiller dans les armoires des artistes, empruntant par exemple leurs costumes aux duettistes Gilbert et George, faisant ainsi un clin d’œil à celui d’Eugène Delacroix ou renvoyant la balle aux Futuristes, pour qui il faut adopter des étoffes « follement violettes, très très très très rouges, 300 000 fois vertes car le costume sombre est le symbole de la société bourgeoise ». Les tenues et les œuvres ne cessent de se répondre et de s’interpeler. Ainsi, aux autoportraits de Rembrandt, à travers lesquels le peintre, tantôt coiffé d’un bonnet, tantôt d’un turban, donne à contempler le passage du temps sur son visage tout au long de sa vie, répondent des autoportraits photographiques en noir et blanc de l’artiste franco-polonais Roman Opalka qui, en 1965, commence à se photographier chaque jour après sa journée de travail, vêtu de la même chemise blanche. Audacieux et percutant.
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Quand l’habit fait l’artiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Quand l’habit fait l’artiste