Quand le Capc hallucine

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 16 décembre 2008 - 372 mots

Alors que le Palais de Tokyo prolonge jusqu’au 18 janvier 2009 l’exposition de Jeremy Deller, questionnant la validité artistique des pratiques amateurs et le potentiel documentaire, le Capc de Bordeaux s’engage sur une voie similaire.

Mais le fond est totalement différent puisque « IAO » plonge dans les raisons et les mécanismes du psychédélisme tel qu’il s’est développé dans l’Hexagone aux confins des années 1960 et pour une bonne partie de la décennie suivante.
Depuis le début des années 2000, l’équipe curatoriale constituée de Yan Chateigné, Axelle et Tiphanie Blanc, a constaté une recrudescence d’expositions consacrées au psychédélisme, mais dans le contexte français, l’essai est totalement inédit. Seulement voilà, comment rendre compte de ces expériences communautaires, des objets hybrides et transgenres qu’elles ont générés, mêlant télévision, poésie, performance, musique et art ?
Mais on retrouve aussi dans cette exposition, les toiles abstraites d’Olivier Mosset. Comme quoi le psychédélisme sait aussi résister aux images d’Épinal !
« Nous souhaitions insister sur la dimension musicale de la scène psychédélique tout en montrant que la musique de cette époque était une forme d’art à part entière, ainsi qu’une critique des formes d’art traditionnel ». « IAO » tire d’ailleurs son nom de l’œuvre du groupe Gong dont le leader charismatique David Allen collabora avec Jean-Jacques Lebel, Yoko Ono ou encore Martial Raysse. Avec cette liberté débridée extrapolée par des esprits élargis à coups de psychotropes de tous acabits, les acteurs de cette vague psychédélique ont produit des formes singulières, à l’instar de l’iconographie presque kitsch des peintures déjantées et décalées de Frédéric Pardo.
L’exposition prend la forme d’un dispositif scénique total conçu par l’artiste Lily Reynaud-Dewar, combinaison d’yeux de mandalas géants, de motifs hypnotiques, de scènes dédiées aux très nombreuses performances, rencontres et projections programmées tout au long de la période, et de zones d’accueil pour tout le matériel historiographique. En effet, « IAO » regorge de documents télévisuels, cinématographiques, de pochettes de disques et de photographies. Une matière dense et rétrospective pour tenter de remonter les ramifications de ce mouvement et une tâche curatoriale difficile et expérimentale qui tente ici une réponse sans nostalgie.

A voir

« IAO », Capc, 7, rue ferrière, Bordeaux (33), tél. 05 56 00 81 50, jusqu’au 8 mars 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : Quand le Capc hallucine

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