Art contemporain

Polyphonies algériennes

Le Magasin, Grenoble (38) – Jusqu’au 15 octobre 2023

Par Anne-Charlotte Michaut · L'ŒIL

Le 23 mai 2023 - 369 mots

GRENOBLE

Art Contemporain -  Cette exposition est le troisième chapitre, et l’« épilogue », d’un vaste projet de recherche mené par Natasha Marie Llorens, qui a déjà pris la forme de deux expositions, l’une à New York en 2019 et l’autre à Marseille en 2021 – cette dernière, malheureusement jamais ouverte au public pour cause de restrictions sanitaires.

C’est autour d’une des scènes finales du film Omar Gatlato, de Merzak Allouache, un classique du cinéma algérien daté de 1976, que s’est construite cette exposition. Elle regroupe 14 artistes, algériens ou issus de sa diaspora, de différentes générations, comme autant de voix et d’expériences pour dire l’Algérie et ses enfants aujourd’hui. Il est question de colonisation, de ses conséquences et ses stigmates, de folklore, de croyances, mais également de transmission intergénérationnelle, de langage et d’identité dans cette exposition, autant de sujets marqués par le poids du passé sur le présent et le futur. Sans aucune velléité d’exhaustivité, il s’est agi pour la commissaire de proposer un « regard », ou une « vision » sur les scènes artistiques en Algérie et dans sa diaspora. Avant même de pénétrer dans l’espace principal, deux œuvres habitent « la rue » du Magasin, sous une large verrière : une grande photographie d’Abdo Shanan (né en 1982) et une œuvre sonore d’Hichem Merouche, des enregistrements de cornes de brume commémoratives sur la baie d’Alger, bruits qui retentissent de manière aléatoire. Dans l’espace d’exposition, des visions moroses en côtoient d’autres, plus légères, humoristiques ou optimistes. Beaucoup sont d’une grande poésie, comme la vidéo de Hakima El Djoudi (née en 1977), prise depuis le RER parisien, avec en fond sonore la voix entêtante de Natacha Atlas. Plus loin, les peintures épurées de Djamel Tatah (né en 1959) côtoient des petites vulves en argile semblables à des pâtisseries de Louisa Babari (née en 1969). L’exposition se conclut sur une partie intitulée « Jeux », qui rassemble une installation inédite de Sofiane Zouggar (né en1982) qui traite de l’histoire de la politisation du football, et un film de Sara Sadik (née en1994) entièrement réalisé à partir d’images du jeu vidéo GTA et mettant en scène les tourments amoureux d’un jeune garçon. Deux autres expositions, l’une de Cindy Bannani, l’autre d’Ufuoma Essi, complètent la belle programmation estivale du centre d’art grenoblois.

« En attendant Omar Gatlato : Épilogue. Regard sur l’art en Algérie et dans sa diaspora »,
Le Magasin – Centre national d’art contemporain, site Bouchayer-Viallet, 8, esplanade Andry-Farcy, Grenoble (38), www.magasin-cnac.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°765 du 1 juin 2023, avec le titre suivant : Polyphonies algériennes

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