Picasso sans les maîtres

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 21 avril 2009 - 379 mots

Dédiée à la peinture avant 1900, la National Gallery de Londres marche une nouvelle fois sur les plates-bandes de la Tate Gallery (dédiée à l’art après 1900) en organisant une exposition des œuvres de Picasso.

Supposée être un résumé de « Picasso et les maîtres » qui s’est tenue au Grand Palais, au Louvre et au musée d’Orsay, l’exposition de Londres n’a malheureusement rien à voir avec celle de Paris, qui a attiré plus de 780 000 visiteurs autour de 210 chefs-d’œuvre anciens et modernes. Intitulée « Picasso : Challenging the past » (« défiant le passé »), l’exposition londonienne entend elle aussi expliquer le génie du peintre catalan en le confrontant aux œuvres des grands maîtres qu’il a su réinventer.
Mais à la différence de l’événement parisien, les tableaux de Goya, Velázquez, Rembrandt, Gauguin, Cézanne, Manet sont absents. Picasso et les maîtres, mais sans les maîtres. « Plutôt que de présenter les peintures de Picasso confrontées à celles des maîtres, nous avons choisi de laisser les peintures parler d’elles-mêmes de leur rapport au passé », explique Anne Robbins, co-commissaire de l’exposition, qui invite les visiteurs à se rendre à l’étage supérieur pour établir d’eux-mêmes la confrontation entre les œuvres du passé et celles de Picasso. « C’est une exposition qui exige une participation plus grande du visiteur. On perd en exhaustivité ce que l’on gagne en clarté. »
Malheureusement, on perd bien plus que cela : on perd tout simplement le sujet de l’exposition. Mais ce n’est pas inintéressant tout de même. Organisée, comme à Paris, par genres, l’exposition comprend tout de même 60 chefs-d’œuvre de Picasso, dont 26 qui n’étaient pas présents à Paris. Parmi eux, on trouve notamment la Tête de Minotaure (1958), le portrait de Lee Miller (1937), Reclining Nude (1969) et Le Baiser (1969), issu de la collection de Jeff Koons. On apprécie aussi de retrouver dans une même salle les variations de Picasso autour des Ménines de Velázquez, et du Déjeuner sur l’herbe de Manet (qui était présenté au musée d’Orsay). Si vous n’avez pas vu l’exposition parisienne, vous ne pourrez pas être déçu. C’est une très belle exposition de Picasso. Mais rien de plus.

« Picasso : Challenging the Past », The National Gallery, Trafalgar Square, Londres (Grande-Bretagne), www.nationalgallery.org.uk, jusqu'au 7 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : Picasso sans les maîtres

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