Pianistes et gammes chromatiques

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 16 décembre 2008 - 325 mots

« À l’époque, le disque en était à ses débuts, et la radio n’allait apparaître qu’après la Première Guerre mondiale. Dans ce monde d’avant la technologie, c’est à travers le piano que la musique circulait, principalement dans les salons où se regroupaient les intellectuels, les artistes et les musiciens », raconte François Porcile, cinéaste et musicologue, commissaire de l’exposition.

Grands mélomanes, amis des musiciens, les artistes (peintres, dessinateurs et photographes) contribuèrent à faire connaître la musique et le talent de quelques-uns des plus grands musiciens et compositeurs.
Pour rendre hommage aux liens qui unissaient ces deux mondes, François Porcile, qui fut aussi le conseiller musical de François Truffaut, réunit une centaine de tableaux, dessins et photographies datés de 1871 à 1940 ayant pour sujet principal le piano. On découvre, par exemple, Le Compositeur Claude Terrasse et ses deux fils, Jean et Charles, peint par Pierre Bonnard en 1903 ; un Portrait d’Erik Satie dessiné au crayon par Pablo Picasso en 1920, ou encore Georges Auric photographié par Man Ray en 1925.
Plus surprenants, quelques dessins et caricatures réalisés par des musiciens sur un ton humoristique révèlent un aspect inattendu de ceux que l’on a trop souvent solennisés. Représenté avec un bec de lièvre démesuré et une tête difforme, Gabriel Fauré (Marguerite Long et Gabriel Fauré jouant la Ballade, 1909), l’un des plus grands compositeurs français de la fin du xixe et du début du xxe siècle prend des allures de grand sage ridicule. Tout aussi sarcastique, le dessin de Gabriel Fauré représentant Camille Saint-Saëns (Portrait-charge de Camille Saint-Saëns) transforme ce dernier en surveillant académique.
Dans la deuxième partie de l’exposition sont présentés des manuscrits, des correspondances, des lettres autographes, ainsi que des partitions manuscrites qui, même par les non mélomanes, méritent d’être parcourues pour le simple plaisir des yeux.

A voir

« Images de la musique française de piano (1871-1940) », musée des Beaux-Arts d’Orléans 1, rue Fernand Rabier, Orléans (45), www.orleans.fr, jusqu’au 18 janvier 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : Pianistes et gammes chromatiques

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