Bruges (Belgique)

Peintres et sculpteurs de la dévotion espagnole

Hôpital Saint-Jean - Jusqu’au 6 octobre 2019

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 25 avril 2019 - 319 mots

La sobriété architecturale de la salle, rythmée par les piliers de bois foncé, est déjà un décor en soi qui n’exige pas d’autres apprêts.

Difficile donc de trouver un lieu mieux adapté à cette présentation rassemblant une trentaine d’œuvres, toutes ou presque venues de collections privées et résultat réussi du partenariat avec le Musée national d’art et d’histoire de Luxembourg. Le visiteur peut détailler au plus près les raffinements des sculptures en bois de cyprès ou de pin de Pedro de Mena (1628-1688), posées sur des socles à hauteur de regard. Fait sans précédent, les métiers de peintre et de sculpteur étant séparés jusqu’alors, l’artiste a peintes lui-même. Leur extrême réalisme est une manière d’unir le mysticisme et le dolorisme propres à l’art de dévotion qui au Siècle d’or obéit aux canons fixés par Francisco Pacheco, le fondateur de l’école de Séville. Les yeux de cristal, les larmes de verre, les gouttes de sang en résine rouge soutiennent en ce temps de la Contre-Réforme la ferveur des congrégations religieuses. On ne peut manquer d’admirer avec quelle confondante virtuosité De Mena passe de la polychromie brillante des drapés de la Vierge à l’austérité rêche de la bure de saint François d’Assise. Agenouillé, émacié, en extase, le Poverello est le personnage emblématique des toiles de Zurbarán, Murillo, Maíno et Antonio Arias, un peintre madrilène dont le style moderne pour l’époque surprend par la légèreté des tonalités et la fermeté des contours. Dans cette veine de vérité absolue, le peintre Francisco Collantes, très inspiré par son contemporain Ribera, exécute une huile émouvante, Le Reniement de saint Pierre, l’apôtre barbu se sentant accusé par un coq dressé à ses côtés. Sur plusieurs œuvres, les influences flamandes sont évidentes, rappelant que, en marge des liens historiques et politiques, les artistes voyageaient à travers l’Europe et échangeaient leurs pratiques. Alonso Cano, auteur d’un hiératique Christ mort sur la croix, connaissait les dessins de Van Dyck.

« De Mena, Murillo, Zurbarán, maîtres du baroque espagnol »,
hôpital Saint-Jean, Mariastraat 38, Bruges (Belgique), www.museabrugge.be

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Peintres et sculpteurs de la dévotion espagnole

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