musée

Orsay passe à table

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 décembre 2001 - 271 mots

Leçon de choses au Musée d’Orsay. Connaissiez-vous l’espèce d’asperge dépeinte en 1880 par Manet dans une de ses natures mortes ? La tardive d’Argenteuil. Ce légume, emblème de la gastronomie bourgeoise, est exposé en chair et en os. Un spécimen datant de 1889 et conservé dans le formol côtoie son illustre représentation et témoigne à lui seul des changements survenus dans les habitudes culinaires au cours du XIXe siècle. Mets rare et raffiné, l’asperge a rejoint le cortège de pâtes, de pommes de terre, de glaces, de café au lait avec tartines beurrées consommés avec entrain par une société en ébullition cherchant à se créer de nouveaux repères, loin des codes de l’Ancien Régime qui dominaient encore le service et les goûts. Ces pratiques alimentaires, aujourd’hui si communes en France, sont les fruits de cette société nouvelle. La modernité comme synonyme des plaisirs de la table. De la création des bouillons (restaurants populaires), à l’usage de la carte et de l’addition, jusqu’au cadeau d’une dînette à une enfant, « A table » n’omet rien des charmes culinaires et des bons usages du XIXe siècle. A la croisée de l’histoire, de la sociologie et des beaux-arts, la table est au centre de toutes les préoccupations. Livres, vaisselle, peintures, photographies, reconstitution d’un café, menus... jalonnent ce voyage dans le temps. Si la rencontre des deux asperges relève du gag, le regard transversal porté sur un sujet qu’on penserait davantage lié aux seuls arts décoratifs, offre une approche à la fois instructive, drôle et étonnante.

- PARIS, Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, tél. 01 40 49 48 14, 4 décembre-3 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°532 du 1 décembre 2001, avec le titre suivant : Orsay passe à table

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