Olivier Debré illumine Chenonceau

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 29 septembre 2008 - 346 mots

Fleuron des Châteaux de la renaissance, Chenonceau est devenu, porté par les convictions et l’énergie de sa conservatrice et propriétaire Laure Menier, un lieu largement ouvert à l’art moderne et contemporain.

Après, entre autres, Zao Wou-Ki, Julian Schnabel ou Miguel Barceló, Olivier Debré (1920-1999) y est à l’honneur cette année. Une sobre scénographie met en valeur une vingtaine de tableaux présentés dans la grande galerie enjambant le Cher, magistrale invitation à un tour du monde riche en couleurs.
Peintre voyageur, Olivier Debré l’est absolument. Des États-Unis au Maroc, en passant par la Grèce, le Japon ou la Chine, l’artiste se confronte avec passion à des paysages toujours renouvelés : « L’intéressant est de marcher vers l’inconnu en quête de quelques trouvailles. La peinture doit apprendre à voir le monde… » Mais jamais il ne délaisse sa chère Touraine. Sombre foncé de Loire, peint en 1993, entre en étrange mais riche résonance avec la lumineuse clarté de Massachusetts Bay, réalisé en 1975.
Un formidable désir d’être présent au monde habite Olivier Debré. Il peint non pas face au paysage, mais immergé dans le paysage. Il a parfois confié, avec des accents panthéistes, ce désir de ne faire qu’un avec la nature : « Je deviens un élément de la nature, quelque chose qui est manié. Quand je suis comme le vent, comme la pluie, comme l’eau qui passe, je participe à la nature et la nature passe à travers moi. Je traduis l’émotion qui est en moi devant le paysage, mais pas le paysage. »
Peut-être est-ce pour cela que ses tableaux ont cette sensualité si particulière. Sa peinture fluide, ponctuée de concrétions épaisses, semble avoir des qualités gustatives, charnelles. Les couleurs savamment modulées produisent des éblouissements et des frémissements inattendus.
Figure majeure de la peinture du xxe siècle, Olivier Debré avait le goût de la terre, de l’eau et de la lumière dans leur fugace perfection, avec force, mais aussi avec beaucoup d’amour et de douceur.

Voir

« Olivier Debré, peintre voyageur de la Touraine au monde », château de Chenonceau, Chenonceaux (37), www.chenonceau.com, jusqu’au 5 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°606 du 1 octobre 2008, avec le titre suivant : Olivier Debré illumine Chenonceau

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