Mettre dos à dos deux icônes culturelles, la stratégie est aussi simple qu’éprouvée. L’été passé chez Arcurial, les petites sculptures du Colombien Nadín Ospina en avaient fait la démonstration effective. Déposées sous vitrine dans l’exposition « Mickey dans tous ses états » (lire L’œil n° 582), les statuettes en céramique mimaient des objets archéologiques d’inspiration précolombienne tout en lorgnant du côté de la célèbre petite souris. Gratifiées d’un fin museau et de belles et rondes oreilles, les idoles de pierre ou de terre cuite jouaient au jeu des mythes. Le réservoir des personnages des mythes occidentaux modernes étant a priori copieux, le sculpteur peut bien décliner l’opération depuis les années 1990 : Pluto allongé ou jambes croisées méditant sur son bas-relief ou bébé Simpson taillé dans la pierre sous sa forme la plus archaïque.
À l’institut Cervantès, la stratégie se renouvelle sans bousculer tout à fait le procédé. Nadín Ospina y présente cette fois peintures et sculptures de guérilleros (sur)armés, mal rasés, rictus mauvais et balafres au visage. Pour compléter le cliché, Ospina place évidemment ses héros dans la jungle et prolonge sa dialectique habituelle en chargeant des petits personnages en Lego d’incarner lesdits guérilleros. Attaque frontale et démonstrative de la firme et des représentations qu’elle diffuse, la série suggère à quel point l’Occident n’en finit pas d’attendre un art latino-américain obéissant toujours à ce contexte social et politique. « Un art et une culture kidnappés par la violence », analyse Ospína.
« NadÁn Ospina », institut Cervantès, 7, rue Quentin-Bauchart, Paris VIIIe, tél. 01 40 70 92 92, http://paris.cervantes.es, jusqu’au 10 mai 2007.
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NadÁn Ospina : haro sur le Lego
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : NadÁn Ospina : haro sur le Lego