Musée des Beaux-Arts, Lyon (69)

Moderne Lyon

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 22 décembre 2009 - 433 mots

Le musée des Beaux-Arts de Lyon a de la chance. Pour au moins deux raisons : d’abord parce qu’il a développé une politique d’acquisitions audacieuse qui s’est avérée payante – premier Gauguin et premières œuvres impressionnistes entrés dans les collections publiques françaises – qui lui a permis de constituer une collection exceptionnelle.

Ensuite parce qu’il a bénéficié de legs tout aussi exceptionnels, dont celui de Jacqueline Delubac venu enrichir la collection impressionniste et la section Art moderne. Son département peinture présente aujourd’hui un panorama complet de la peinture européenne du XIVe siècle aux années 1980.

L’organisation de grandes expositions temporaires confirme l’intérêt du musée pour les modernes. Après la puissante exposition de 2008 « Repartir à zéro », la rétrospective 2009 « Les modernes s’exposent… » apporte une alternance dense mais paisible. Le musée déploie sa collection avec près de deux cents œuvres retraçant les grands mouvements artistiques du XXe siècle. Le parcours s’ouvre avec les deux maîtres de la peinture, Picasso et Cézanne, et quelques héritiers : Dufy, Friesz, Denis. Dans « la cage aux fauves » Matisse, Derain et Manguin embrasent leurs paysages tandis que Gleizes fait flamboyer le ciel et l’eau. L’abstraction montre un Robert Delaunay de la série des rythmes, une œuvre de Sonia plus intuitive et un Jawlensky d’une rare intensité chromatique. Dans l’espace cubiste, près du violon de Braque, Gleizes fragmente les plans de son superbe tableau Eugène Figuière. Léger enferme un très bel acrobate de 1953 dans ses contours découpés comme des cartes à jouer. Un cabinet consacré à Rouault présente quatre œuvres maçonnées d’une épaisse matière dont un pierrot à la majesté archaïsante.
 
Éclairé d’une subtile lumière, un superbe Picasso contemporain de Guernica, Femme assise sur la plage, imprégné de mélancolie renoue avec le thème de la baigneuse. Niobé, œuvre majeure de Masson de 1947, reflète elle aussi l’angoisse liée à la guerre. Pour les effets de matière, un plâtre d’Étienne Martin joue avec un tableau au blanc de plomb de Fautrier et l’extraordinaire Griffu de Richier répond aux dessins de Van de Velve. La figuration des années 1920 et 1930 aligne une série de portraits de famille de Severini à la belle frontalité solennelle, tandis que de Staël de retour de Sicile reprend la monochromie dans une œuvre bouleversante. La carcasse de viande de Bacon se confronte avec un cerf monumental d’Étienne Martin. Anthony Tapiès dialogue avec un grand Reyberolles en hommage à Courbet, et Dubuffet fait l’inventaire du monde avec une grande économie de moyens colorés.

« Picasso, Matisse, Dubuffet, Bacon... », musée des Beaux-Arts, 20, place des Terreaux, Lyon (69),
www.mba-lyon.fr, jusqu’au 15 février 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°620 du 1 janvier 2010, avec le titre suivant : Moderne Lyon

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