Matière grise

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 213 mots

Jeune sexagénaire, Joseph Kosuth, est l’artiste américain qui incarne le mouvement conceptuel tel qu’il éclôt à la fin des années 1960. Joseph Kosuth, Robert Barry ou encore Lawrence Weiner pour parler des initiateurs du mouvement, ont délaissé la matérialité des œuvres, l’objet, pour son énonciation et son analyse.
À Paris, Kosuth s’offre une mise en perspective à travers une exposition dont il assure entièrement le commissariat. En revendiquant la paternité de René Magritte en faisant réaliser une composition que le surréaliste belge avait conçu edans les années 1920 pour être in situ (avant qu’elle ne soit pour finir qu’une toile), Kosuth propose, choisit sa propre généalogie. Il écrit son histoire, conceptuelle forcément, avec les œuvres d’Hanne Darboven, Haim Steinbach (d’une même génération née dans les années 1940) et « adopte » de jeunes et dignes successeurs, à l’instar de Tino Sehgal.
Ce prodige à peine trentenaire engage les surveillants de ses expositions dans des protocoles de performances qui interagissent toujours avec le visiteur des lieux. Un travail mental sans aucune trace écrite qui démontre une parfaite assimilation et réinterprétation de l’art conceptuel. La matière grise que Kosuth a placé au cœur de sa pratique s’avère assurément fertile.

« Grey matter », galerie Almine Rech, 127 rue du Chevaleret, Paris XIIIe, www.galeriealminerech.com, jusqu’au 22 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Matière grise

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